Retour aux fondamentaux

Quelles conséquences aura sur le marché de l’art la crise financière qui frappe la Bourse depuis plusieurs semaines ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais nous devrions être fixés assez rapidement. Le premier indicateur sera donné par la foire d’art contemporain de Londres, la Frieze Art Fair, qui se déroule du 16 au 19 octobre. Depuis sa création en 2003, la manifestation s’est positionnée dans le registre de la branchitude, du glamour et du trash pour attirer les jeunes traders de la City. Avec la déconfiture des marchés financiers et l’évaporation de leurs bonus, ces derniers ne devraient pas faire les beaux jours de la foire cette année. Mais Londres peut miser sur une importante communauté extra-européenne de collectionneurs. Pendant des mois, maisons de ventes et galeristes ont martelé que le retrait des acheteurs occidentaux était compensé par la montée en puissance des amateurs russes et asiatiques. Pourtant, après la faillite de la banque
Lehman Brothers, les Bourses de Moscou ou de Shanghaï ont complètement dévissé. Ces pertes d’actifs risquent de ne pas rester sans effet sur le marché de l’art et sa structure. Si, comme l’or, il peut attirer des investisseurs soucieux de trouver des valeurs refuges, ces derniers achèteront-ils un art contemporain hautement spéculatif ou se tourneront-ils vers des valeurs sûres, comme l’art moderne, voire le mobilier XVIIIe si sous-estimé actuellement ?
Moins spéculative, la FIAC pourrait en définitive tirer les bénéfices du travail de repositionnement engagé depuis plusieurs années. L’une de ses forces est d’être soutenue par une clientèle de collectionneurs européens passionnés. Cette perspective a attiré cette année des galeries parmi les meilleures de la planète qui ont créé elles-mêmes un buzz autour de l’événement. Les périodes de crise sont toujours propices à des retours aux fondamentaux. Paris est l’un de ceux-là.