Rendez-vous au Palais de Tokyo

Nous l’appelions ici même de nos vœux en octobre 2005 : l’idée de la création d’un
« Whitney à la française », un espace d’envergure consacré à la création dans notre pays, fait son chemin à Paris. Le principe d’installer une nouvelle institution dans les espaces actuellement disponibles du Palais de Tokyo, sous le Site de création contemporaine, vient d’être adopté au plus haut sommet de l’État, mais pour quelle mission ? Préconisé par le rapport Lombard, rendu au ministre de la Culture en juillet 2006, mais jamais diffusé, le projet de dédier ces espaces à la création dans notre pays coule de source. Dans un environnement déjà riche en institutions consacrées à l’art moderne et contemporain, il est nécessaire que ce lieu trouve une autre identité et profite du public international qui les fréquente. Donner toute la visibilité qu’ils méritent à plusieurs générations d’artistes actifs dans notre pays doit aujourd’hui être une priorité, comme le démontrent avec beaucoup de succès des musées comme le MAC/VAL qui s’est ouvert en novembre 2005 à Vitry-sur-Seine. Il ne s’agit évidemment pas de se replier sur nous-mêmes mais de jouer la carte de l’international par le biais de coproductions avec des musées et des centres d’art à l’étranger.
Aujourd’hui, l’idée de consacrer cette nouvelle institution aux artistes de la scène française est inscrite dans le marbre. Après la pérennisation de la Triennale du Grand Palais, cette décision témoigne d’une prise de conscience de la situation dans laquelle se trouvent les artistes de notre pays. Il suffit pour s’en convaincre de visiter les biennales d’art à travers le monde ou d’ouvrir les catalogues des grandes ventes aux enchères, comme celles organisées à Londres début février. Parce que la reconquête artistique et symbolique de notre scène passe d’abord par nous-mêmes, il est grand temps d’ouvrir les yeux sur les trésors qui nous entourent.