L’automne offre son cortège de grandes rétrospectives, d’expositions muséales, de foires d’art contemporain toutes écrites sur des partitions éprouvées : le commissaire retrace méthodiquement le parcours d’un artiste ou soutient une thématique et lève des découvertes, le galeriste, lui, défend un ou plusieurs artistes sur son stand. Parallèlement à ces schémas établis, se propagent de nouveaux processus, croisant pratiques et horizons très divers, portés la plupart par une plus jeune génération. Ainsi, à Londres, pendant Frieze Art Fair, foire récente mais d’un mode classique, la Serpentine Gallery va accueillir son 9e Marathon, deux jours non-stop de discussions (18 et 19 octobre). Celles-ci seront mobilisées par le projet « 89plus », lancé par Hans Ulrich Obrist et Simon Castets, qui depuis janvier s’est déjà posé à Munich, Hongkong (Art Basel), New York (PS1)... Une plateforme multiple, internationale, visant le long terme, avec un « open call » mais réservée exclusivement à la génération post 1989, celle née lors de la chute du mur de Berlin et en plein essor d’Internet. Jeunisme démagogique ? Convoquer ceux âgés au maximum de 24 ans, c’est s’adresser davantage à des étudiants qu’à des artistes dits émergeants et faire fi d’un minimum d’expérience et de maturité professionnelles. On peut également trouver dans la liste des questions posées pour ce forum happening bien des stéréotypes des colloques internationaux de tout poil, jusqu’au Forum de Davos : le potentiel des technologies émergentes peut-il conduire à un vrai dialogue global qui ne serait pas homogène et encouragerait la différence ? Quelles options s’offrent à la génération post 1989, qui grandit dans la crise du capitalisme financier ? Quelles sont les nouvelles formes d’activisme et de protestation, Internet a-t-il changé l’action politique ? Qui est responsable du futur ? Relevons néanmoins que l’initiative « 89plus » se place d’emblée dans des problématiques qui séduisent la jeunesse, utilise ses outils et a pour champ d’investigation, la planète. Sont sollicités non seulement les plasticiens mais aussi les musiciens, les réalisateurs de film, les designers, les écrivains et les scientifiques. Par son ouverture et son organisation, l’ambitieux « 89plus » pourrait engendrer une dynamique et ouvrir de nouvelles perspectives. Ce désir de décloisonnement était affiché par « Nouvelles vagues », qui a offert cet été à Paris une cinquantaine d’expositions à l’initiative du Palais de Tokyo et du Comité des galeries d’art. Carte blanche avait été donnée à une vingtaine de jeunes curateurs, missionnés pour arpenter des territoires méconnus et imaginer d’autres modes de monstration. Une génération qui se dit nomade, s’affranchit de règles, brouille les pistes, combine public et privé. Elle s’est éloignée de celle du commissaire, du commissaire producteur ou de l’auteur d’exposition, celui qui revendiquait le rôle principal, celui du joueur d’échecs. À côté des expositions, se multiplient donc les « propositions ». Mais quelle que soit la méthode pour montrer, un but immuable demeure : dans la nébuleuse mondiale, faire scintiller l’étoile.
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Relève en marche
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°398 du 4 octobre 2013, avec le titre suivant : Relève en marche