NEW YORK / ETATS-UNIS
Ventes aux enchères. C’est la question à 3,7 milliards de dollars : quelles sont les intentions du tycoon des télécoms qui vient de racheter la vénérable maison de ventes ?
Car on ne voit pas beaucoup de synergies entre des ventes aux enchères et un opérateur de téléphonie mobile (il possède SFR) et encore moins avec un groupe de médias (Libération, BFM..).
Le modèle des ventes publiques est même très éloigné du modèle d’abonnement qui caractérise ses principales activités. Chez Sotheby’s, chaque année, les compteurs sont remis à zéro et il faut aller chercher une par une les œuvres d’art dont leurs propriétaires veulent se séparer.
Est-il motivé par l’amour de l’art et l’envie de collectionner ? À vrai dire ce n’est que depuis l’annonce de la vente que filtrent les premières informations, souvent contradictoires, sur la collection de Patrick Drahi. Et si c’était le cas, il y a des centaines de méga collectionneurs qui s’en sortent très bien sans posséder de maison de ventes. Veut-il alors se confronter à François Pinault, le propriétaire de Christie’s depuis 1998 (on remarque au passage que ce sont deux ressortissants d’un pays de second rang sur le marché de l’art qui possèdent les deux leaders du marché) ?
L’explication la plus courante est que l’homme d’affaires veut enraciner sa famille aux États-Unis (c’est ce qu’il dit) et s’acheter une notoriété et une image plus glamour auprès des riches de la planète.
En tout cas, Sotheby’s ne va pas être à la noce. Fidèles à ses habitudes, l’homme d’affaires va financer une très grande partie de son acquisition par emprunt (on parle de 3,3 Md$). Or, même avec des taux d’intérêt au plus bas en ce moment, les 110 millions de dollars de marge brute annuelle que dégage l’auctioneer vont à peine suffire pour payer le service de la dette, et on ne parle même pas de rembourser le capital. Tad Smith, l’actuel patron de Sotheby’s a déclaré que la sortie de bourse annoncée allait faciliter le business. Ce n’est pas faux, la transparence financière qu’exige la publication trimestrielle des résultats, outre qu’elle donne de précieuses informations à Christie’s (non cotée), oblige à une gestion court-termiste. Mais le modèle économique d’une maison de ventes internationale permet-il de dégager encore plus de « cash » ? Pas sûr.
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Que va faire Patrick Drahi chez Sotheby’s ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°526 du 21 juin 2019, avec le titre suivant : Que va faire Patrick Drahi chez Sotheby’s ?