Pluralisme

Le Journal des Arts est un journal. Cette tautologie mérite d’être rappelée car le JdA ne milite pas pour une cause particulière, aussi noble soit-elle. Il n’a pas de parti pris politique, ce n’est pas un activiste du patrimoine ou de la création contemporaine, c’est encore moins un journal d’annonces publicitaires ou le support d’une seule plume. Le Journal des Arts s’efforce d’informer ses lecteurs avec le plus d’objectivité possible en rassemblant des faits vérifiés et en les mettant en perspective. Le JdA n’est pas pour autant monocorde, plusieurs sensibilités cohabitent au sein de la rédaction. Il en est de même pour l’art contemporain, qui suscite toujours autant de débats animés, dont l’intensité rappelle la querelle du dessin et de la couleur au XVIIe : faut-il aider en priorité les jeunes artistes, ou les moins jeunes ? les artistes conceptuels ou les peintres ? les Français et assimilés ?

Les achats publics ont-ils plus de poids pour légitimer une œuvre que les achats effectués par des collectionneurs privés ? Le JdA a conçu un nouvel outil, l’« Artindex », afin d’apporter un peu de rationnel dans ces débats trop souvent enfermés dans des postures idéologiques. Pour faire court, l’Artindex classe les artistes vivants en fonction de leur exposition. Il ne s’agit évidemment pas d’établir une hiérarchie du talent, mais de mesurer le rayonnement des artistes à travers un indicateur particulier. Nous avons également confronté les notes Artindex aux résultats en ventes publiques fournis par Artprice. Le lecteur trouvera donc une masse d’informations inédites, dont nous avons livré une interprétation. Nos colonnes sont ouvertes à d’autres analyses. Avouons cependant un parti pris : nous aimerions que les artistes français se vendent autant que les artistes américains. Toute la « filière » en profiterait. Nous aimerions tant que, lorsqu’une installation de Christian Boltanski, artiste en tête de l’Artindex, passe dans une vente publique, qui plus est en France, elle trouve preneur. Ce ne fut malheureusement pas le cas pour Monument (1986), lors de la vente Christie’s à Paris le 31 mai.