Paris mis à prix

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 4 novembre 2005 - 325 mots

Si la France peine toujours à exporter ses artistes contemporains, il semble bien que ce soit le seul secteur de la création hexagonale à ne pas avoir la cote sur le marché de l’art mondial. De plus en plus d’acteurs cherchent en effet en France des œuvres à exporter, et tout particulièrement les compagnies anglo-saxonnes. Après Christie’s et Sotheby’s, Bonhams et Phillips rentrent dans l’arène parisienne, avec pour objectif de séduire les vendeurs. La France est depuis longtemps à la première place mondiale en volume de transactions, et les opérateurs étrangers travaillent à attirer toujours plus de chefs-d’œuvre parmi ceux qui se trouvent sur notre sol. En 2004, Sotheby’s a ainsi exporté 50 % de son produit réalisé en France, un chiffre qui monte jusqu’à 60 % pour Christie’s. On pourra toujours s’interroger sur les raisons qui poussent nos concitoyens à vendre à New York ou à Londres plutôt qu’à Paris. Le droit de suite et les services aux clients en constituent quelques-unes. Mais les acheteurs, toujours mieux informés, se portent sur les pièces importantes quel que soit leur lieu de vente, à New York, à Paris, ou même à Berlin.
Il reste cependant beaucoup à faire pour rendre plus attractive la place de Paris, aussi bien pour les vendeurs que pour les acheteurs. L’initiative de la SVV Beaussant-Lefèvre de proposer dans le catalogue de sa vente d’art asiatique du 18 novembre un descriptif en chinois des lots va dans le bon sens. La majorité des catalogues de ventes aux enchères en France ne sont en effet accessibles qu’aux seuls francophones. Les SVV pâtissent également d’un déficit de notoriété à l’étranger, qui se traduit par un faible pourcentage de lots importés. Drouot a engagé des actions au Canada et tend la main à la Russie. Mais encore trop peu de maisons de ventes françaises disposent de la structure leur permettant un véritable développement international. Et c’est indéniablement l’un des freins à l’expansion du marché parisien.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°224 du 4 novembre 2005, avec le titre suivant : Paris mis à prix

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