NOUVEAU MARCHÉ. Après la retransmission en direct d’opéras et de ballets, Pathé Live, filiale du groupe Les Cinémas Pathé Gaumont, s’est attaquée le 16 février à un nouveau marché : celui des expositions. Leonardo Live promettait aux cinéspectateurs de leur ouvrir sur grand écran, « en haute définition et en simultané dans le monde entier », les portes de ce que d’aucuns n’ont pas hésité à qualifier d’événement du siècle : l’exposition « Léonard de Vinci, un peintre à la cour de Milan », à la National Gallery de Londres. Bonne idée, tant l’exposition s’est « jouée » à billetterie fermée jusqu’à son dernier jour, le 5 février, en raison de son immense succès. Une merveilleuse idée, oui, pour un résultat décevant. La déception n’est pas venue des raisons avancées par Le Figaro : un couple de présentateurs « émoustillé comme s’il participait à une finale de l’Eurovision », des invités people par trop « multipliés » au détriment de développements « intéressants »… La soirée était destinée à amener un public large à l’œuvre de Vinci et, de ce point de vue, l’opération était assez réussie. Non, le résultat est bien davantage critiquable pour ce qu’il s’agissait de la projection d’un simple « documentaire », avec ses pastilles biographiques, ses entretiens, ses parenthèses thématiques… et non d’une visite live, comme le promettait pourtant l’affiche. Leonardo Live est-il pour autant un échec ? Pas si l’on considère qu’il est parvenu à pointer la démission de la télévision – à laquelle le format documentaire était bien mieux adapté – sur ce créneau déserté des expositions. Mais que la télévision se rassure, le marché des expos lui reste tout entier ouvert. Quant à Pathé Live, la société devrait avoir bien d’autres occasions de réfléchir à des visites plus appropriées à ses salles obscures, à commencer par le prochain événement « du siècle » autour de Léonard de Vinci : l’exposition « L’ultime chef-d’œuvre de Léonard de Vinci, la Sainte Anne », programmée au Louvre le 29 mars. Soit dans un mois à peine…
MARCHÉ PUBLIC. Dans un rapport publié en février, la Cour des comptes dénonce la défaillance du pilotage des grands chantiers culturels en France depuis 2006 avec pour conséquences le glissement des délais et la nette explosion des coûts… Ainsi, parmi les neuf opérations qu’elle a soigneusement examinées, la Cour épingle le MuCEM, ancien Musée national des arts et traditions populaires du bois de Boulogne devenu futur Musée des civilisations pour l’Europe et la Méditerranée à Marseille, dont l’enveloppe prévue au lancement du projet en 2001 a flambé de près de 100 millions à 199,71 millions d’euros aujourd’hui. Maintes fois reportée, l’inauguration du musée est planifiée en mai de l’année prochaine dans le cadre des festivités de Marseille-Provence 2013. Le 24 janvier, quelques jours avant la publication de ce rapport, Nicolas Sarkozy avait choisi le chantier symbolique du MuCEM pour présenter ses vœux au monde de la culture. Tout se serait bien déroulé si une perturbatrice ne s’était pas exclamée à la fin du discours : « C’est honteux ! Combien coûte ce genre d’événement ? » Une journée d’arrêt de chantier coûtant environ 250 000 euros, ce « genre d’événement » représente une goutte d’eau dans un océan de dépenses non maîtrisées…
FAIRE SON MARCHÉ. En juin prochain, Stylia, la « télé toujours branchée », filiale à 100 % de TF1 Thématiques, rediffusera le programme créé en 2009 pour la BBC Two : « L’École Starck ». Dans cette émission en six épisodes de TV-design-réalité, Ilsa Parry, la candidate britannique qui a remporté cette « Starck Academy », a eu le privilège de se former durant six mois dans l’agence du célèbre designer. Ouf, à défaut d’être culturelle, la télé est au moins génératrice de… stages.
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Nouveau marché. Marché public. Faire son marché
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°644 du 1 mars 2012, avec le titre suivant : Nouveau marché. Marché public. Faire son marché