Montée en puissance

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 19 novembre 2007 - 319 mots

Plus que jamais, la reconnaissance des artistes passe, qu’on le veuille ou non, par le marché. Les galeries américaines ou allemandes ont compris depuis bien longtemps qu’un record en vente publique ne pouvait qu’être profitable à la carrière d’un artiste. Les professionnels français restent pourtant extrêmement prudents, d’autant qu’un « gadin » aux enchères peut être proportionnellement aussi destructeur. Il n’est cependant pas normal que les grandes sociétés de ventes organisent régulièrement des ventes thématiques d’artistes par exemple italiens, comme Artcurial, qui en a encore accueilli une à Paris le 21 octobre, sans que les artistes hexagonaux puissent bénéficier de la même promotion.
La SVV Cornette de Saint Cyr a pris le taureau par les cornes et proposé ce même 21 octobre une vente intitulée « AF21.1 – La scène française 1990-2007 ». Selon Stéphane Corréard, consultant pour la vente, il s’agissait de proposer une liste représentative de la diversité de la scène française – de Pierre Huyghe à Vincent Corpet – en puisant dans les artistes ayant participé récemment aux expositions « Notre histoire » (Palais de Tokyo), « La force de l’art » (Grand Palais) et « Airs de Paris » (Centre Pompidou). L’événement a pris aussi une tournure culturelle avec la publication, outre du traditionnel catalogue, d’un livre coédité avec les éditions Particules. 112 œuvres de 81 artistes ont été présentées, généralement en concertation avec les plasticiens eux-mêmes et les galeries qui les représentent. Les résultats n’ont pas été tonitruants, puisque seuls 53 % des lots ont trouvé preneur et souvent dans l’estimation. Quelques galeries semblent en revanche avoir bien travaillé en amont puisque leurs artistes ont particulièrement brillé, à l’image des 30 681 euros atteints par une peinture d’Adam Adach ou des 67 498 euros remportés par une installation de Philippe Mayaux. Peut-être faut-il y voir un effet « prix Marcel-Duchamp ». Cette expérience, qui reste à améliorer, sera renouvelée dans deux ans, en alternance avec une vente consacrée aux plasticiens des années 1970-1990. Le marché ne pouvait rester indéfiniment insensible à la montée en puissance des artistes français.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°269 du 16 novembre 2007, avec le titre suivant : Montée en puissance

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