Inauguré officiellement le 15 janvier par Jacques Chirac, le Musée Guimet tient ses promesses : rester le deuxième musée d’art asiatique au monde après celui de Boston. Une réussite des architectes Henri et Bruno Gaudin (auteurs du stade Charléty à Paris), à quelques problèmes décoratifs et circulatoires près. Malgré la monumentale balustrade de la Chaussée des géants d’Angkor, visible dès le hall d’accueil, la première impression que le visiteur éprouve en pénétrant dans le Musée Guimet est d’abord une impression froide, minérale. Le choix du directeur du musée, Jean-François Jarrige, était de ne céder à aucune tentation de reconstitution, aucune japonaiserie ou chinoiserie dix-neuviémiste, aucune allusion au cadre d’origine des œuvres présentées. Sur leurs socles de pierre grise, les chefs-d’œuvre de l’art khmer règnent sur un empire monochrome, un camaïeu de gris d’où n’émergent que quelques reliefs aux ombres plus marquées. Grâce à de judicieuses perspectives, des dialogues s’instaurent avec l’art indien qui occupe les salles adjacentes. La trop grande rigueur qui marque le rez-de-chaussée disparaît dès le premier étage. Après l’impressionnante cage d’escalier à triple révolution, les salles retrouvent un peu de chaleur grâce aux volumes à échelle plus humaine (malgré l’encombrement de certaines vitrines) et au bois de tek qui couvre le sol. Hormis l’aile Richelieu du Louvre, rarement la rénovation d’un musée français aura révélé autant de surprises. Les (trop rares) visiteurs de l’ancien Guimet se souvenaient-ils de l’ampleur des collections du Vietnam dispersées aux quatre coins du musée ? Qui connaissait la totalité des trésors des sanctuaires gréco-bouddhiques du Gandhâra (L’Œil n°512) ? Qui avait vu les ivoires d’Afghanistan remontés ici dans leur présentation d’origine ? Qui pouvait soupçonner le nombre de chefs-d’œuvre coréens ou tibétains entrés ces dernières années dans les collections permanentes ? Le parcours, clair et bien structuré, permet de saisir la variété de celles-ci où œuvres en trois dimensions alternent avec peintures, calligraphies et textiles. Seuls couacs dans l’itinéraire obligé du musée, les deux anneaux concentriques des étages et le cul-de-sac de la Chine classique qui se termine en labyrinthe. Mais ne boudons pas notre plaisir, cette restauration aux accents wilmottiens (qui a tout de même coûté 350 millions de francs) reste une grande réussite.
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Minéralement beau
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°523 du 1 février 2001, avec le titre suivant : Minéralement beau