La loi du 1er août 2003 en faveur du mécénat a eu un impact considérable sur les actions des entreprises en faveur de la culture. Depuis quelques mois, les entrées de trésors nationaux dans les collections publiques grâce au mécénat d’entreprise se multiplient. Rien que depuis le mois d’octobre, un ensemble considérable de cent trente dessins italiens de la Renaissance et du premier âge baroque a été acquis par l’État grâce à Carrefour à destination du Louvre et des musées de beaux-arts en régions, la Jeune fille à la gerbe de Camille Claudel est entrée au Musée Rodin avec l’aide de Natexis Banques Populaires, tandis qu’un chef-d’œuvre de l’art Dogon a été acquis par l’État pour le Musée du quai Branly grâce au mécénat du groupe Axa.
Ces actions exemplaires pour le patrimoine ne doivent pourtant pas occulter le lent démarrage du mécénat dans le domaine de l’art contemporain. Malgré des initiatives qui vont dans le bon sens, comme le « Club entreprises » organisé lors de la dernière FIAC (Foire international d’art contemporain), l’acquisition d’œuvres d’artistes vivants se doit d’être encore encouragée par des aménagements portés à la loi. Tel est le sens des propositions faites récemment par trois membres de l’Association pour la diffusion internationale de l’art français (Adiaf), Gilles Fuchs, Pierre Pradié et Georges Dintras, au ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, et dont le Journal des Arts a pu obtenir une copie. Les auteurs proposent notamment une exonération des trois quarts de la valeur des œuvres d’art des artistes vivants français ou européens lors d’une mutation à titre gratuit, ainsi qu’une déduction de l’investissement annuel d’achat d’œuvres d’art d’artistes vivants français ou européens, plafonné à 5 000 euros et imputable sur l’impôt sur le revenu. Ils souhaitent également permettre la dation en paiement par la remise d’œuvres d’artistes français ou européens vivants, l’extension du système des dations aux musées municipaux, et étendre la possibilité de l’amortissement sur cinq ans aux professions libérales. Enfin, les trois membres de l’Adiaf demandent, dans le cadre de l’amortissement par les entreprises sur cinq ans du prix de revient des œuvres originales d’artistes vivants, une interprétation extensive de la condition d’exposer ces pièces dans un lieu accessible au public, en la limitant à leurs clients et salariés. Les entreprises, qui n’ont pas pour vocation d’être des lieux d’exposition, pourraient ainsi plus largement procéder à des acquisitions sans crainte d’un redressement fiscal. Le mécénat en art contemporain attend encore ces quelques aménagements techniques pour se développer. La balle est aujourd’hui dans le camp du ministre...
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Mécénat : le contemporain attend encore
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°204 du 3 décembre 2004, avec le titre suivant : Mécénat : le contemporain attend encore