Collections publiques. Emmanuel Macron a-t-il bien pesé les conséquences de ses déclarations devant les étudiants de Ouagadougou le 28 novembre dernier ? A-t-il bien évalué qu’en affirmant « qu’il fallait tout faire » pour que le patrimoine culturel africain revienne en Afrique, il allait faire sauter un verrou ? Car le Président ne s’est pas contenté d’afficher une bonne intention, il s’est voulu résolument engagé dans l’action en affirmant : « Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique ». On ne peut pas être plus clair.
À suivre le Président, puisque la mesure ne peut concerner que les collections publiques, il va falloir définir quels types d’objets peuvent retourner en Afrique, quels musées vont accepter de se départir de leurs collections, dans quelles proportions, à qui les donner, etc. Ce faisant, il brise la règle séculière de l’inaliénabilité des collections publiques, tant de fois rappelée lors des débats législatifs sur les musées. Plus qu’une règle, un totem qui a incité quantité de collectionneurs à donner ou léguer des œuvres, persuadés qu’elles resteraient à jamais offertes à la délectation du public en France.
Derrière la brèche ainsi ouverte, c’est l’Égypte, l’Extrême-Orient, voire les autres pays européens qui peuvent revendiquer le même droit. Certes, il est peu probable que les collections étrangères repartent toutes sur les terres qui les ont vues naître, mais une telle dynamique peut alimenter de fortes revendications de tel ou tel pays sur des objets à forte valeur symbolique. À commencer par la Chine particulièrement active en la matière.
« En même temps », ce retour n’est pas illégitime, l’Afrique a perdu beaucoup de son patrimoine mobilier et il est normal que les Africains puissent aussi profiter des artefacts de leurs ancêtres. Une autre solution est possible. D’abord se poser la question de la conservation des objets sur le sol africain et y répondre en finançant la construction de musées sur place répondant aux normes muséales modernes. Ensuite, plutôt que de déshabiller les collections publiques, il serait préférable d’acheter les œuvres en mains privées, il y en a encore beaucoup, en finançant ces acquisitions par des fonds qui pourraient bénéficier des dispositifs de défiscalisation. C’est plus coûteux, mais moins périlleux.
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Macron et les restitutions à l’Afrique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°491 du 15 décembre 2017, avec le titre suivant : Macron et les restitutions à l’Afrique