Le 6 mars 2007, Henri Loyrette est entré dans l’histoire. En cédant le nom « Louvre » pour une durée de trente ans aux autorités d’Abou Dhabi (Émirats arabes unis) en échange de 400 millions d’euros, le président-directeur du Louvre a non seulement touché le jackpot, mais il a aussi ouvert une nouvelle ère pour les musées français. Rompant avec le sacro-saint principe de service public, il a engagé le Louvre sur le chemin commercial débroussaillé par la Fondation Guggenheim, elle aussi liée à Abou Dhabi. Son directeur, Thomas Krens, gère depuis longtemps ses musées comme des entreprises, ce qui n’est pas tout à fait illogique au regard de leur statut privé, mais qui explique les errements ponctuels de leur programmation. Pour un musée public, dont les collections sont le bien commun des citoyens, cette démarche est une véritable révolution. Fallait-il en passer par là pour assurer le rayonnement international de la culture française ? On peut en douter, d’autant que ce contrat crée un précédent et brouille les cartes. Dorénavant, toutes les grandes villes du monde auront aussi à cœur, à côté de leurs boutiques Cartier, Hermès et Louis Vuitton, d’avoir leur Louvre, en attendant d’autres enseignes sans doute. À l’étranger, les professionnels semblent loin d’être convaincus, comme Klaus-Dieter Lehmann, président de la Stiftung Preußischer Kulturbesitz, la fondation qui gère les musées de Berlin. Pour lui, le Louvre agit sur le modèle de l’« entreprise », avec pour objectif la « maximisation de ses profits », comme il l’a confié à nos confrères de l’hebdomadaire allemand Die Zeit. Surtout, une telle décision, précipitée par un ministre en fin d’exercice, aurait mérité un vote au Parlement.
Mais déjà la machine infernale semble s’emballer sur d’autres fronts. Et, alors que les projets du Centre Pompidou sont au point mort à Shanghaï, la capitale chinoise ne serait pas insensible à un petit geste. À quand un Louvre-Pékin
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Louvre & Company
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°255 du 16 mars 2007, avec le titre suivant : Louvre & Company