L’INHA dans les starting-blocks

L'ŒIL

Le 1 septembre 2004 - 573 mots

La vie s’organise au « carré Colbert ». Après l’installation de l’École nationale du patrimoine en 2003, c’est au tour de l’INHA (Institut national d’histoire de l’art) d’y prendre ses marques depuis le début de 2004. Ses activités de recherche et d’enseignement se sont en effet regroupées dans le quadrilatère formé entre la rue et le passage Vivienne et la rue des Petits-Champs, à proximité du site Richelieu de la BNF (le « quadrilatère Richelieu »). Les escarmouches entre les départements spécialisés de la BNF et l’INHA à propos des espaces dévolus à chacun, se sont apaisées et ce dernier, dont la bibliothèque occupera encore quelques années la salle ovale du « quadrilatère Richelieu », se prépare à investir, dès 2008, la salle Labrouste et une partie des magasins libérés par le transfert des imprimés de la BNF à Tolbiac.
Le projet de l’INHA remonte à quelque trente ans. L’idée en avait été lancée à la fin des années 1970 par André Chastel qui souhaitait renouer avec le projet du couturier collectionneur Jacques Doucet qui, en 1908, avait entrepris de fonder un lieu de documentation et de recherche adapté à l’alors naissante discipline de l’histoire de l’art. La bibliothèque d’art et d’archéologie de Jacques Doucet, naguère abritée par l’Institut du même nom de la rue Michelet (Paris-I et Paris-IV), constitue d’ailleurs l’un des axes majeurs de la bibliothèque de l’INHA. À son fonds – qui réunit 265 000 monographies, 6 000 thèses, 6 000 titres de périodiques, plus de 12 000 ouvrages anciens, mais aussi des manuscrits et de riches collections iconographiques – viendront s’adjoindre ceux issus de la Bibliothèque centrale des musées nationaux, riche de plus de 250 000 documents, une partie des collections de l’Ensb-a (environ 130 000 imprimés), la bibliothèque de l’École nationale des Chartes (environ 150 000 documents).
L’INHA vient donc rejoindre le club des instituts d’art mondiaux, tels que le Courtauld et le Warburg Institute de Londres, le Getty Research Institute de Los Angeles, la fondation Cini de Venise, la Biblioteca Hertziana de Rome et le Zentralinstitut für Kunstgeschichte de Munich, pour n’en citer que quelques-uns. La collaboration internationale est d’ailleurs l’un des axes avoués de l’ambitieuse politique annoncée d’une institution qui se veut ouverte aux jeunes chercheurs, français et étrangers, et soucieuse de mettre en œuvre le développement d’axes de travail communs aussi bien aux universitaires (Paris-I, Paris-IV pour l’art et l’archéologie, mais aussi Paris-III, pour les recherches sur le cinéma et l’audiovisuel, Paris-VII, pour les recherches sur l’image, Paris-VIII pour l’esthétique, la technologie des arts et les arts du spectacle, Paris-X) qu’aux conservateurs (synergie avec
l’École nationale du patrimoine), aux chercheurs de l’École pratique des hautes études (EPHE), de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), et à ceux du CNRS et des comités et associations d’histoire de l’art qui y sont rattachés.
L’INHA, qui n’était jusqu’à il y a peu qu’un projet, prend forme. En témoignent deux événements récents auxquels il a pris une part active : le premier fut l’exposition « Focillon », présentée il y a quelques mois au musée des Beaux-Arts de Lyon (cf. L’Œil n° 556), l’autre la publication, en juin dernier, de l’ouvrage Doucet de fonds en combles, qui s’accompagna de l’exposition dans la salle Labrouste de quelques-uns des trésors de la collection de Doucet. Un juste hommage à celui qui fut sans doute, avec André Chastel, l’une des bonnes fées de l’INHA, auquel on souhaite de glorieux lendemains.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°561 du 1 septembre 2004, avec le titre suivant : L’INHA dans les starting-blocks

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