Il aura fallu quatorze ans pour que le record établi par le Portrait du docteur Gachet de Van Gogh, adjugé 82,5 millions de dollars chez Christie’s le 15 mai 1990, soit battu. Le Garçon à la pipe peint par Pablo Picasso en 1905 a pulvérisé le seuil symbolique des 100 millions de dollars après avoir été adjugé, frais compris, 104, 16 millions de dollars le 5 mai. Tout comme le Van Gogh issu de la collection du banquier New-Yorkais Siegfried Kramarsky et prêté de 1984 à 1990 au Metropolitan Museum of Art de New York, le Picasso pouvait s’enorgueillir d’une prestigieuse provenance : la Fondation Greentree créée par Betsey Whitney après le décès de son mari John Hay Withney. Le parallèle pourrait s’arrêter là. Quelques mois après l’établissement du record de 1990, le marché de l’art s’effondrait, entraînant avec lui une horde de spéculateurs. Aujourd’hui, la crise semble en revanche déjà bien installée, tout au moins dans les galeries. Là comme dans les ventes aux enchères, les pièces exceptionnelles continuent pourtant à se vendre à bons prix et le record du Picasso pourrait confirmer cette tendance. Déjà, certains acteurs du marché de l’art prédisent que cette enchère exceptionnelle va stimuler les prix, notamment dans les domaines de l’art d’après guerre et contemporain. Les grands collectionneurs se laissent en effet emporter dans une folle course vers les sommets, même si se dessine de plus en plus un déplacement de la clientèle. Les Japonais, qui avaient entraîné les records des années 1990, Van Gogh en tête, ont laissé la place aux Européens, en particulier dans le contemporain, avec le collectionneur britannique Charles Saatchi ou les Français Bernard Arnault et François Pinault, qui n’hésitent pas à s’approcher voire à dépasser le million de dollars pour des œuvres d’artistes contemporains. Certains murmurent même que c’est du côté-ci de l’Atlantique qu’il faut chercher l’enchérisseur final du Picasso record. L’Europe se réveille-
t-elle ? Début de réponse à la mi-juin à la Foire de Bâle.
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L’Europe se réveille-t-elle ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°194 du 28 mai 2004, avec le titre suivant : L’Europe se réveille-t-elle ?