Il est bien facile, confortablement assis derrière un bureau de la haute administration, de manier les soustractions. Face au déficit budgétaire abyssal contracté par la France, la réponse serait ainsi le non-replacement d’un départ à la retraite sur deux, en particulier dans les musées. S’il est louable de se soucier de l’état de nos finances publiques, le calcul n’est pourtant pas aussi simple, voire simpliste. Ce ne sont pas des nombres qui sont en poste, mais bien des femmes et des hommes qui accomplissent, jour après jour, chacun à son niveau, un travail. L’exemple le plus éloquent est bien le Centre Pompidou. Ouvert en 1977, le vaisseau amiral de la culture contemporaine en France compte parmi ses employés près de 50 % de baby-boomers qui prendront leur retraite dans les dix prochaines années. Si l’on devait appliquer strictement les règles mises en place par nos as de la calculette, le Centre devrait abandonner plus de 20 % de ses effectifs. Comment Beaubourg pourra-t-il assumer ses missions : monter des expositions, accueillir le public, assurer la gestion scientifique des collections, garantir la logistique des prêts… ? Mystère ! Le Centre serait alors contraint de réduire sa programmation, voire de limiter ses horaires d’ouverture… Pour protester contre ces perspectives, une partie du personnel de l’institution a entamé une grève conduisant à sa fermeture. Le ministre, lui, restait inflexible au moment où nous mettions ce numéro sous presse. Sur France 2, le 3 décembre, Frédéric Mitterrand a simplement déclaré : « Cette réforme, elle a été menée par un gouvernement qui est issu du suffrage universel. Cette réforme devra s’appliquer », comme si les électeurs avaient voté les pleins pouvoirs au gouvernement. Avant même la période des soldes, la grande braderie de la culture semble déjà avoir commencé.
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Les as de la calculette
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°315 du 11 décembre 2009, avec le titre suivant : Les as de la calculette