À quoi ressemblaient les chefs-d’œuvre de la peinture ancienne quand ils sont sortis de l’atelier des grands maîtres de l’histoire de l’art ? Cette question peut paraître surprenante, mais c’est celle que se posent au quotidien les restaurateurs qui sont amenés à intervenir sur ces compositions. Il n’existe malheureusement pas de documentation photographique permettant par exemple d’attester des couleurs originelles de ces tableaux qui ont traversé le temps. Et les éléments matériels que les analyses scientifiques des restaurateurs permettent de mettre en évidence viennent parfois remettre en cause nos certitudes. C’est le cas notamment pour les vernis qui se révèlent souvent beaucoup plus jaunes que ce que l’on pourrait croire. Or, ces couches appliquées sur la peinture ont une grande incidence sur l’aspect final de ces œuvres. Le restaurateur est alors confronté, d’une part, à ses découvertes et, d’autre part, à une histoire du goût, deux réalités qui ne font pas toujours bon ménage entre elles. Certaines restaurations maximales, comme celles qui ont pu être opérées par le Getty de Los Angeles, ont ainsi consisté à retirer des couches de vernis pour donner à ces peintures des couleurs éclatantes qu’elles n’ont certainement jamais eues. Or, ces interventions sont bien souvent irréversibles.
Du côté des monuments historiques, nous assistons actuellement à un autre débat. Les arbitrages des architectes en chef des monuments historiques sont, en effet, de plus en plus contestés. Pire, comme au XIXe siècle, et aux plus belles heures de Paul Abadie et d’Eugène Viollet-le-Duc, la tendance est aujourd’hui à des recréations pour le moins contestables. Le projet des Tuileries en est l’exemple le plus aberrant, même s’il est symptomatique de notre époque plus fascinée par les apparences que par la vérité.
Pourtant, ici tout comme pour la restauration des peintures anciennes, la question centrale est celle de la transmission de notre patrimoine aux générations futures. Une vraie responsabilité.
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Le goût et les couleurs
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°292 du 28 novembre 2008, avec le titre suivant : Le goût et les couleurs