Le Congrès américain va à nouveau examiner en janvier un projet de loi visant à introduire le droit de suite aux États-Unis. La première mouture de la loi, rejetée en 2011, envisageait d'allouer une partie de son produit aux musées. Ne faut-il pas faire de même en France ?
Le droit de suite rapporte un peu plus de 7 millions d'euros, mais il est très émietté. Si près de 1 700 artistes vivants ou leurs ayants droit en bénéficient, son montant n'est significatif (plus de 10 000 euros) que pour une trentaine d'artistes vivants qui n'en ont pas vraiment besoin. La grande majorité, la plus nécessiteuse, ne reçoit qu'une somme symbolique. À ce travers économique s'ajoute un problème d'équité. Les artistes plasticiens sont les premiers bénéficiaires de tout le système marchand-musée-critique. Lorsqu'ils ont du talent, plus leurs œuvres sont exposées dans les lieux diffusion, plus la presse leur consacre des articles élogieux, attisant l'intérêt des collectionneurs et provoquant alors l'augmentation de leur cote qui peut parfois passer de 1 000 euros à 100 000 euros ou plus en quelques années seulement. Les montants en jeu dépassent de très loin la rémunération des comédiens, danseurs, écrivains. De plus, la hausse de la cote des peintres et sculpteurs augmente mécaniquement et dans les mêmes proportions la valeur de leur fonds d'atelier ou de leur nouvelle production. À l'inverse, ce n'est pas parce que le livre d'un romancier se vend bien que ses écrits antérieurs se vendent dans les mêmes volumes. Aussi, à l'instar du système de financement du cinéma où le produit de la taxe sur les billets d'entrée est redistribué par le Centre national du cinéma et de l'image animée à tous les producteurs, il serait judicieux de rediriger le produit du droit de suite vers les budgets publics d'acquisition d'œuvres d'art contemporain. Une telle mesure permettrait par exemple de tripler le budget annuel d'acquisition des Frac. L'enjeu mérite qu'on se penche sur le sujet.
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Le droit de suite pour les Frac ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°404 du 3 janvier 2014, avec le titre suivant : Le droit de suite pour les Frac ?