Alors que les musées sont de plus en plus des producteurs et des diffuseurs de savoirs qui dépassent la simple histoire de l’art, il est nécessaire de s’interroger sur la neutralité de ces savoirs ou, plus exactement, sur les moyens mis en œuvre pour s’assurer de leur objectivité. Passons rapidement sur le « blanchiment muséal », lorsqu’un galeriste ou un collectionneur prête des œuvres d’art contemporain, ou lorsqu’un tableau – privé et exposé pour une exposition temporaire – est attribué à un grand maître sans l’avis d’experts reconnus. Ces manœuvres, souvent pointées ici et ailleurs, mettent surtout en jeu des intérêts économiques. Moins débattue est la vérité du discours porté par des expositions temporaires lorsqu’elles concernent des civilisations passées ou présentes, des phénomènes sociétaux ou l’histoire récente. Le Musée du quai Branly, à qui nous consacrons un grand dossier à l’occasion de son dixième anniversaire en nous intéressant précisément à l’articulation entre arts et civilisation, participe de tous ces musées qui s’emparent de sujets qui ne relèvent plus seulement de l’histoire de l’art. Lorsque le Quai Branly retrace « l’invention du sauvage », que le MuCEM, à Marseille, raconte la conquête de l’Algérie, que le Musée de l’Homme étudie l’impact des humains sur leur environnement ou que la Cité des sciences s’apprête à expliquer les maladies mentales, comment s’assurer que leurs discours soient au plus près de la vérité scientifique, pour autant qu’il puisse y avoir une vérité dans les sciences humaines ? Il n’y aucune raison de suspecter l’objectivité des commissaires des expositions dites « sociétales », qui souvent s’entourent d’un comité de personnalités, mais la question mérite d’être posée à mesure de l’appétence grandissante du public et des directeurs de musées pour ces sujets. Les musées sont des institutions de savoir qui ont la confiance du public. Il faut préserver ce capital. Voilà un beau sujet pour #muséedebout.
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La neutralité des musées
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°456 du 29 avril 2016, avec le titre suivant : La neutralité des musées