Société. Voici donc revenue la saison des expositions estivales et avec elle les numéros spéciaux qui leur sont consacrés par la presse spécialisée.
Cette récurrence, outre qu’elle donne le sentiment bien connu d’un raccourcissement du temps, offre l’opportunité de prendre la mesure des événements qui se succèdent entre ces rendez-vous. Il apparaît que le rythme des révolutions géopolitiques, sociétales et techniques s’est considérablement accéléré au cours des trente dernières années. De même que les crises se sont répétées plus encore ces derniers temps : « gilets jaunes », Covid, guerre en Ukraine…
Ces chocs ne sont pas sans conséquences pour nos sociétés. Celles-ci parviennent cependant à les assimiler partiellement : la prise en compte de la « France des ronds-points » dans les médias et les discours politiques, le télétravail et le port du masque, le bannissement de la Russie et l’accueil des Ukrainiens… Ces troubles ont aussi tendance à s’effacer très rapidement de nos consciences individuelles ou collectives. Les manifestations violentes sur les Champs-Élysées, le confinement, le passe sanitaire s’éloignent dans notre psyché, tout comme, hélas, l’émotion première suscitée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
La culture semble échapper à l’emprise des révolutions systémiques comme aux chocs récents successifs. À l’exception notable du cinéma (mais la crise sanitaire n’a fait qu’accélérer le déplacement vers les plate-formes), les festivals, biennales et foires d’art tiennent le coup. La plus que centenaire Biennale de Venise (1895) reste au zénith, de même que les festivals de Cannes (1946), d’Avignon (1947), d’Aix-en-Provence (1948) ou d’Arles (1970). La foire Art Basel (1970) est en pleine forme. Si tous ces événements ont changé d’amplitude depuis leur création, leur nature est restée identique et ils ont globalement survécu à deux années de pandémie. On pourrait multiplier les exemples de manifestations récurrentes (Journées du patrimoine, Documenta de Cassel, Parcours des mondes…) qui digèrent les crises plus facilement que d’autres secteurs. Il y a là un phénomène rassurant pour nos sociétés chahutées. Cette permanence des événements culturels est à bien des égards réconfortante, ce sont autant de totems apaisants. Espérons qu’il en sera de même à l’automne où les tensions (inflation, possible pénurie d’énergie…) vont monter d’un, voire de plusieurs crans.
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La Culture réconfortante
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°593 du 8 juillet 2022, avec le titre suivant : La Culture réconfortante