La culture en rase campagne

« Dans les semaines qui viennent, à l’approche d’échéances décisives pour notre pays, on va beaucoup parler de la France. Dans ce débat qui s’ouvre, il faut parler beaucoup de la culture. » Telle a été l’exhortation formulée par le président Jacques Chirac lors de son discours prononcé le 31 janvier à l’occasion des célébrations des 30 ans du Centre Pompidou. Pourtant, les premiers éléments émanant des programmes des principaux candidats à l’élection présidentielle montrent que ceux-ci n’ont guère pris en compte les recommandations du chef de l’État. Et à éplucher les propositions et autres pactes présidentiels, la culture se taille une part dramatiquement congrue ! Le terme même ne semble pas faire partie du vocabulaire de Nicolas Sarkozy, si l’on se réfère à son site Internet. Quant à Ségolène Royal, elle se contente, sur ses cent propositions dévoilées le 11 février à Villepinte (Seine-Saint-Denis), de « soutenir la création et l’emploi culturel ». Nous sommes proches du 1 % de rigueur, même si elle se déclare aussi en faveur de l’éducation artistique de la maternelle à l’université. Concernant les autres candidats, leurs positions dans ce domaine restent mystérieuses.
La culture est pourtant un enjeu de société vital, tant pour les citoyens, le développement de la scène française que pour son rayonnement dans le monde. Nous proposons dans ce numéro le premier volet – consacré à l’art contemporain – d’un état des lieux qui nous conduira également à enquêter sur les musées, les grands établissements culturels ou le patrimoine dans l’objectif de proposer une cartographie de l’art en France. Alors que nous assistons à une inflation de nouvelles structures concentrées en région parisienne, nous irons prendre le pouls de la culture dans les régions. Nous interrogerons ensuite les candidats afin qu’ils prennent position sur ces questions centrales qui devront être arbitrées par les politiques dans les années qui viennent.
La culture aussi a droit au débat national qui s’annonce.