Histoire - Si un grand nombre d’œuvres spoliées par les nazis (tableaux, livres, mobilier…) furent restituées à leurs propriétaires après la Seconde Guerre mondiale, toutes ne le furent pas. En France, après avoir été exposées au château de Compiègne de 1950 à 1954, un certain nombre d’entre elles ont rejoint les musées nationaux, qui en ont reçu par décret, en 1949, la garde. Ces œuvres, environ 2 000, constituent ce que l’on appelle les Musées nationaux récupération, ces fameux « MNR » consignés sur des inventaires distincts des collections nationales en attendant leur restitution. Car ces œuvres n’appartiennent pas à la France, qui a le devoir moral de les conserver en attendant que leurs propriétaires se manifestent. En 2013, le gouvernement a franchi une nouvelle étape en modifiant cette dernière disposition. Une commission est en effet désormais chargée de retrouver ces propriétaires (ou leurs ayants droit) dans une démarche que la ministre de la Culture qualifie dans nos pages de « pro-active ». Trois œuvres sont ainsi restituées ce mois-ci ; vingt-huit autres devraient l’être bientôt. Hasard du calendrier, ces nouvelles restitutions interviennent à point nommé, l’année du 70e anniversaire de la Libération de la France par les Alliés, le mois de la sortie du film Monuments Men de George Clooney, et au moment où l’affaire Gurlitt (cet Allemand chez qui ont été retrouvées près de 1 500 œuvres dont beaucoup furent spoliées) promet de nouveaux rebondissements. Mais, pour un Gurlitt retrouvé au hasard d’un contrôle d’identité, combien d’autres se cachent encore ? Parfois sans qu’ils le sachent eux-même !
À la question « Y a-t-il d’autres Gurlitt en Europe ? », l’historienne et sénatrice EELV Corinne Bouchoux répondait en janvier dans l’émission Bibliothèque Médicis : « On peut l’imaginer. Puisqu’il y a plus d’œuvres qui ont été prises que d’œuvres qui ont été retrouvées, par soustraction, on peut penser qu’il reste des œuvres cachées. » En 2014, le sujet est encore loin d’être clos.
Histoires - Une fois n’est pas coutume, le président de la République a, certes malgré lui, braqué les projecteurs sur l’art et la culture. Sur la tenture des Gobelins d’abord, Le Repas d’Esther et d’Assuérus réalisée d’après un carton de Jean-François de Troy, qui a servi de décor à sa conférence de presse et dont un journaliste du Figaro s’est amusé à rapprocher l’épisode représenté (le coup de foudre entre le roi Assuérus et sa nouvelle favorite, après qu’il eut répudié son épouse) de ses histoires personnelles. Sur la Villa Médicis ensuite, l’Académie de France à Rome, dont les médias ont largement parlé après la polémique provoquée par la nomination de Julie Gayet à son jury. Sur la nouvelle exposition du Centre Pompidou-Metz enfin, « Paparazzi ! », qui, avant son ouverture le 26 février, ne pouvait rêver meilleure publicité que la parution dans Closer des photos volées du président. Qui a dit que François Hollande ne s’intéressait pas à la culture ?
Polémiques - En janvier, le Musée du Louvre a longuement présenté et expliqué la restauration en cours de la Vénus du Pardo de Titien. Le tableau est très abîmé par l’histoire, et le musée a sans doute tiré les leçons de la polémique qui a accompagné la restauration de La Vierge à l’enfant avec saint Anne de Vinci en prenant les devants des critiques qui pourraient être émises lors du réaccrochage du tableau en 2015. On le sait, toute intervention, lorsqu’elle touche à un chef-d’œuvre (la Sainte-Anne, le Retable d’Issenheim…), fait polémique. Sur ce sujet, de la pédagogie est nécessaire, et le Louvre l’a bien compris… Enfin presque, puisque le directeur du département des peintures a profité de la conférence pour annoncer un autre nettoyage imminent : celui de La Belle Ferronnière de Léonard, dont les vernis seront, comme pour la Sainte-Anne, amincis. Une déclaration qui est intervenue quelques jours après que le président du musée a déclaré, sur CNN, que la question de la restauration de La Joconde se posait elle aussi. Avis aux polémistes.
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Histoire, histoires et polémiques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°666 du 1 mars 2014, avec le titre suivant : Histoire, histoires et polémiques