Et si François Pinault n’ouvrait pas sa fondation sur l’île Seguin, à Boulogne-Billancourt ?
Depuis quelques jours, de nombreux signaux semblent préparer l’opinion publique à cette éventualité, ou tout au moins à un changement d’orientation dans la nature des projets culturels du milliardaire. Une telle perspective n’augure rien de très réjouissant pour la scène artistique hexagonale, en mal d’une grande figure qui pourrait en faire la promotion à l’échelle internationale. Libéré du carcan institutionnel, pouvant aussi avoir un important rôle prescripteur dans le domaine du marché de l’art où il contrôle Christie’s – la seconde maison de vente aux enchères au monde –, François Pinault, via sa fondation, pourrait dans les années qui viennent jouer le chevalier blanc de l’art français. Mais voilà, si le bâtiment dessiné par Tadao Ando ne voit jamais le jour sur l’île Seguin, toute la dimension symbolique de l’action du collectionneur pourrait être affectée.
Les milliers de mètres carrés du projet de Boulogne-Billancourt placeraient pourtant de facto le paquebot Pinault dans le trio de tête des institutions consacrées à l’art contemporain en région parisienne, et a fortiori en France. La programmation aurait alors une influence certaine au-delà de nos frontières et un impact non négligeable sur le marché, à l’image des choix d’un Charles Saatchi en Grande-Bretagne. La volonté du collectionneur britannique de se concentrer sur un seul lieu d’exposition à Londres pourrait justement être le contre-exemple de la nouvelle option de la Fondation Pinault, basée sur un essaimage, de Venise à Lille ou Berlin (lire p. 36). Si ce choix affaiblirait l’hypothétique siège de Boulogne-Billancourt, il affecterait aussi son effet d’entraînement pour la scène française. La logique internationale l’emporterait alors sur la défense de nos artistes. Décidément, notre pays n’en finit pas de collectionner… les occasions manquées.
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François Pinault ou le jeu des symboles
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°214 du 29 avril 2005, avec le titre suivant : François Pinault ou le jeu des symboles