Les conservateurs de musées, les organisateurs des grands événements culturels et artistiques du type Biennale de Lyon ou « Lille 2004, capitale européenne de la culture » ne cessent de se poser la question du public : comment le séduire, le faire et le refaire venir, répondre à ses demandes et attentes… Ce point est central, car le bilan d’une exposition est souvent mesuré à l’aune du succès populaire de l’événement, une fréquentation dont dépend parfois jusqu’à l’avenir de la manifestation. Le ministère de la Culture s’est ainsi interrogé sur la reconduction de la Biennale de Lyon après ses résultats mitigés en 2001.
Si cette attention portée au public paraît légitime, la culture ne doit néanmoins pas tomber dans le piège de l’audimat. Ses ravages dans le champ télévisuel font figure de contre-exemple, tant le niveau des productions a baissé depuis quelques années dans le seul but d’attirer toujours plus de public. Dans les musées, les recettes semblent connues. Pour déplacer les foules, il suffit de monter des expositions consacrées aux superstars : Picasso, Matisse, les impressionnistes, l’art égyptien... C’est d’ailleurs la direction que prennent aujourd’hui un certain nombre de structures privées, dont la dernière créée, la Pinacothèque de Paris, qui a ouvert avec une exposition... « Picasso ».
Au-delà du péril que représente cette voie pour la pluralité culturelle, le danger paraît également venir de notre capacité à appréhender les attentes du public. Ces évaluations relèvent souvent davantage du fantasme que d’une quelconque réalité, preuve en est le taux de fréquentation parfois élevé de nombreuses expositions très spécialisées, voire de manifestations présumées difficiles, à l’exemple de « La Russie et les avant-gardes » l’été dernier à la Fondation Maeght. À force de croire en l’inculture du public, le niveau des expositions risque d’être irrésistiblement tiré vers le bas.
C’est en vous invitant à méditer sur cette question qui n’a rien d’anecdotique que toute l’équipe du
Journal des Arts vous souhaite de joyeuses fêtes et une bonne année 2004.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Faisons confiance au public
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°183 du 19 décembre 2003, avec le titre suivant : Faisons confiance au public