Depuis quelques années, la situation des musées en France relève singulièrement du trompe-l’œil. Alors que le discours ministériel ne manque pas une occasion de souligner la volonté politique d’enrichir le patrimoine, la réalité sur le terrain apporte souvent la preuve exacte du contraire. Surtout, elle laisse se profiler un futur à deux vitesses, aussi éloignées l’une de l’autre que l’est le TGV de la charrette à bras. D’un côté, les établissements publics, champions toutes catégories, qui cumulent les avantages, comme le Louvre et Orsay. Le statut de ces derniers leur permet par exemple de consacrer à leurs acquisitions 20 % des recettes tirées de la vente des billets d’entrée, un privilège par ailleurs interdit au château de Versailles. Ils sont dispensés aujourd’hui de cotiser pour leurs « petits frères » de province, sortis qu’ils sont du système de mutualisation que nous enviaient tant de professionnels à l’étranger. Le développement du mécénat dans notre pays est même en train de creuser ce fossé en bénéficiant majoritairement aux grands musées, plus porteurs en termes d’images. Résultat, quand le Louvre alignait en 2005 les acquisitions millionnaires en euros, le Musée des beaux-arts de Pau, avec un achat de 22 000 euros, engageait déjà plus du tiers de son budget annuel d’acquisition. Et nous ne sommes qu’au début du processus, 2005 étant une année d’exception du point de vue des acquisitions dans les musées de province. Certes, l’État a commencé à transférer aux institutions en régions les œuvres qui y étaient en dépôt depuis 1910, mais cette démarche apparaîtra vite comme un cache-misère.
À Paris, les musées de la Ville ne sont pas mieux lotis. Leurs crédits d’acquisition ont fondu comme neige au soleil et ils sont aujourd’hui sur le sable, certainement celui-là même qui est déversé par centaines de tonnes sur les berges de la Seine chaque été pour Paris Plage. Face à ces adversités, il faut souligner le travail sans relâche des conservateurs pour dénicher, négocier au meilleur prix, convaincre des donateurs ou des mécènes afin d’obtenir les œuvres qui feront demain partie du patrimoine national. La liste des acquisitions réalisées en 2005 leur rend le plus beau des hommages.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°234 du 31 mars 2006, avec le titre suivant : Début de processus