Débat
Paris n’est pas Vienne, et le Musée d’Orsay n’est pas le Leopold Museum. À l’exception de quelques strip-teases gentillets observés le soir du vernissage et un peu plus tard sur le parvis du musée, l’ouverture de « Masculin/Masculin, L’homme nu dans l’art de 1800 à nos jours » n’a pas provoqué la polémique escomptée par la direction d’Orsay. Il faut dire que cette exposition, pourtant prometteuse, peine à convaincre. Ni la réunion d’œuvres remarquables – dont peu de chefs-d’œuvre, il est vrai – ni les rapprochements formels parfois sublimes, comme L’Abîme du sculpteur Just Becquet (vers 1901) placé face aux Trois personnages dans une pièce de Francis Bacon (1964), ne réussissent à combler le vide du propos de l’accrochage. Fin septembre, le directeur général du Met Opera de New York, Peter Gelb, déclarait sous les brouhahas, lors de la première d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski, que le Met n’était pas « le lieu approprié pour mener des combats contre les injustices sociales dans le monde ». Nous pensons le contraire. Mais pour qu’il y ait débat, encore faut-il défendre des idées. « Masculin/Masculin » n’en défend pas. Péchant par gourmandise pour son sujet, l’exposition finit même par collectionner les nus d’hommes, là où l’on aurait voulu qu’elle interroge la place
de ces nus dans l’art et les sociétés, leur dimension politique
et morale, autant qu’esthétique. Reconnaissons tout de même à cette exposition un mérite : celui de faire parler d’elle. Y compris dans cet éditorial…
À débattre
L’art s’invite partout. Christophe Ono-dit-Biot ne dira pas le contraire, qui plante le décor de son dernier roman, Plonger (Gallimard/NRF), dans les galeries des musées et les couloirs de la Biennale de Venise où l’on croise tour à tour les frères Chapman, Loris Gréaud, les gisants de Cattelan et la Femme piquée par un serpent de Clésinger (1847). La mode l’a d’ailleurs bien compris, qui fait des incursions régulières dans l’univers de l’art. Dernières en date, le défilé des robes « Carnets de croquis » de Jean-Charles de Castelbajac, et plus encore celui de la collection printemps-été 2014 de Karl Lagerfeld, dévoilée fin septembre au Grand Palais dans un décor de fausse Fiac. Le couturier a fait réaliser soixante-quinze parodies d’œuvres d’art, s’inspirant de l’univers de Chanel et de formes de certains arts dits « à la mode ». « Arty et iconoclaste », jugeait un quotidien pour qui, tout de même, « rien de tout cela ne se prend au sérieux ». C’est bien là le reproche que l’on peut formuler…
Des bas en attendant des jours meilleurs.
Si le marché de l’art se porte bien en apparence, caché par une forêt de records obtenus en salles des ventes, une grande partie des 2 191 galeries d’art contemporain en France – chiffre donné par l’étude du Deps publiée en juin 2013 – doit aujourd’hui s’adapter à un marché qui évolue. Après l’annonce tonitruante de la fermeture de la Galerie Jérôme de Noirmont en mars, la Galerie Sintitulo, à Mougins, décide à son tour « de mettre en veille, pour une durée indéterminée », son activité. De son côté, la Galerie Di Meo constate, après Aline Vidal, que son métier ne peut plus être exercé aujourd’hui de la même façon qu’hier, et décide par conséquent de fermer son espace d’exposition pour travailler sur rendez-vous : « Nous ne ferons plus d’expositions, mais nous restons fidèles à nos choix que nous espérons pouvoir continuer à vous faire partager », promet la galerie. Dans ce contexte, les signaux qu’enverront ce mois-ci la Fiac et Paris Photo sont plus qu’attendus.
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Débat, à débatttre, des bas
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°662 du 1 novembre 2013, avec le titre suivant : Débat, à débatttre, des bas