Cotes et décotes

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 28 octobre 2008 - 312 mots

Les marchés ont continué leur dégringolade au mois d’octobre, passant inexorablement jour après jour dans le rouge, donnant l’impression que rien ne pourrait enrayer leur baisse. Dans ce contexte de grande tension, certains ne donnaient pas cher des foires d’art contemporain de Londres et de Paris avant leur ouverture. Finalement, leurs résultats sont loin d’avoir été catastrophiques même s’ils sont indéniablement en retrait par rapport à l’an dernier. Ces deux salons, mais aussi les ventes d’art contemporain de Londres, permettent d’ores et déjà de tirer plusieurs enseignements pour le marché de l’art. Tout d’abord, l’épreuve que nous traversons actuellement va très certainement écarter pendant un temps les spéculateurs au profit des vrais amateurs. Les premiers avaient outrageusement fait monter les prix de quelques jeunes artistes qui devraient logiquement voir rapidement leur cote baisser. Les seconds vont réorienter le marché vers les valeurs sûres, artistiquement parlant. Dans ce contexte, la FIAC se retrouve idéalement positionnée avec son approche généraliste, la présence de l’art moderne et d’un art contemporain « raisonnable », pour reprendre l’expression d’un collectionneur. De leur côté, les maisons de vente anticipent la baisse de leur résultat en renégociant avec leurs clients les prix de réserve. La vente par Sotheby’s à New York le 3 novembre comprenant une importante peinture de Malevitch sera indéniablement un test grandeur nature. La société n’a d’ailleurs pas hésité à publier un catalogue en cyrillique pour s’attirer les faveurs des collectionneurs russes.
Pourtant, cela sera-t-il suffisant ? Depuis plusieurs mois, les acheteurs des pays émergents avaient réussi à maintenir le marché de l’art à flot. Mais la Russie connaît aussi aujourd’hui de graves difficultés financières, tout comme la Chine dont la croissance s’est assagie. Même la banque centrale des Émirats arabes unis, à Abou Dhabi, a dû venir au secours de ses banques fragilisées par la baisse de l’immobilier. Bref, les marges de manœuvre se réduisent.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°290 du 31 octobre 2008, avec le titre suivant : Cotes et décotes

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