Les mêmes situations ne sont pas appréhendées de la même façon de part et d’autre de l’Atlantique. Il n’y a là rien de neuf et cela se vérifie encore une fois dans le recrutement des directeurs de musée. En France, d’après Le Journal des Arts, près de la moitié des conservateurs généraux du patrimoine vont partir à la retraite d’ici à 2015 et, aux États-Unis, le Wall Street Journal indique que plus de vingt et un directeurs de grands musées américains vont bientôt céder leur poste. Et parmi eux, le plus illustre, Philippe de Montebello, le patron du MET de New York, qui a annoncé son départ pour fin 2008.
C’est lorsqu’il s’agit de les remplacer que les pratiques divergent. Alors qu’aux États-Unis, on fait traditionnellement autant confiance à la personnalité et à l’expérience qu’à la formation, en France on préfère s’appuyer sur la formation initiale, en l’occurrence l’Institut national du patrimoine pour les conservateurs. Le problème est que les musées sont en train de changer très rapidement et que leurs directeurs doivent être polyvalents : gestion des collections mais aussi management des équipes, communication, relations publiques, recherche de financement, accueil du public, etc.
La formation de l’INP est-elle adaptée à cette nouvelle donne ? Ne faudrait-il pas aussi ouvrir ces postes à des cadres venant d’autres horizons ? Le privé, à l’inverse, n’hésite pas à recruter ses collaborateurs dans le public. Ainsi, Guillaume Cerutti, le patron de Sotheby’s France depuis septembre, était-il précédemment, et entre autres, directeur du Centre Pompidou puis du cabinet de Jean-Jacques Aillagon. Et même si son prédécesseur y est pour beaucoup, le CA de Sotheby’s France a presque doublé en 2007.
Les conservateurs, et ils sont dans leur logique, plaident pour conserver le monopole de la fonction au motif qu’il est plus facile d’apprendre le management sur le tas que l’histoire de l’art sur le tard. C’est oublier que la qualité première d’un chef d’établissement est de savoir s’entourer pour mieux déléguer et arbitrer. Autres différences et pas des moindres entre les deux pays : le salaire de Montebello est quarante fois plus élevé que celui d’Henri Loyrette du Louvre, et le directeur du MET aura 72 ans lorsqu’il quittera sa fonction alors que le couperet tombe en France à 65 ans.
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Cherche directeur de musée, polyvalent et mal payé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°599 du 1 février 2008, avec le titre suivant : Cherche directeur de musée, polyvalent et mal payé