Politique culturelle. Jamais la culture n’a été aussi présente dans un débat de premier tour d’une présidentielle.
Cette affirmation va faire sursauter ceux qui lisent régulièrement ces colonnes dans lesquelles on a dit tout le contraire. Précisons, on parle ici de culture au sens de l’ensemble des pratiques, usages, rites, langues, imaginaires qui fondent une société humaine. C’est précisément ce qu’Éric Zemmour n’a eu de cesse de mettre en avant face à une immigration à laquelle il reproche d’heurter sa vision de la société, c’est-à-dire de la culture française.
Le deuxième tour, qui n’oppose plus que deux candidats, va peut-être permettre d’entrer dans le contenu des programmes et de comparer les politiques culturelles, au sens cette fois de la production, conservation et de l’accès aux œuvres. Comme en 2002 et 2017, le choix n’est plus entre deux partis de gouvernement issus pour l’un de la droite, pour l’autre de la gauche, mais entre une candidate protestataire et antisystème et un candidat qui sort de cinq années d’exercice du pouvoir.
Marine Le Pen a su habilement gommer dans son programme et son discours ce qui était outrancier. Mais diriger la France, ce n’est pas être maire de Perpignan où son ancien compagnon a bien pris soin de ne pas violenter un milieu culturel local – il est vrai peu frondeur. La politique culturelle ne se réduit pas à mettre plus d’argent dans la restauration du petit patrimoine au détriment d’autres programmes. Parce que tout, ou presque, est culturel (on y revient), son pilotage est devenu très complexe. Il faut donner envie à tous, à commencer par les enfants, de s’approcher d’un livre, d’un monument, d’une scène de théâtre ou de concert ; former les futurs artistes, comédiens, designers, architectes ; et soutenir la création, développer les industries culturelles, construire des équipements dans les territoires… Tout cela dans un monde qui change incroyablement vite sous l’effet des menaces climatiques, sanitaires, militaires et des révolutions numériques et sociétales ; et en s’assurant que l’on puisse financer tous ces programmes, ce qui n’est pas le moindre des problèmes dans un pays où le seul service de la dette (le paiement des intérêts d’emprunt) équivaut au budget de l’Éducation nationale.
Nous invitons nos lecteurs à bien relire l’évaluation minutieuse des engagements culturels d’Emmanuel Macron publiée dans le JdAà chaque anniversaire de son élection de 2017, et à les confronter aux promesses de Marine Le Pen décrites dans ce numéro. La politique culturelle n’est plus une politique publique parmi d’autres, elle en est le substrat.
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Bilan contre projet
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°587 du 15 avril 2022, avec le titre suivant : Bilan contre projet