L’Art nouveau apparu il y a plus d’un siècle apporte un éclairage instructif dans les débats actuels sur la mondialisation.
Il faut rappeler en effet l’ampleur et la concomitance d’un mouvement artistique qui balaya toute l’Europe au tournant du siècle. En Écosse, à Bruxelles, à Paris, à Nancy, à Barcelone, à Vienne, de nombreux peintres, architectes, illustrateurs, ont rompu avec le conservatisme architectural, l’éclectisme des aménagements intérieurs, l’académisme pictural et la pauvreté des formes des objets industriels. La Sécession viennoise qui en est la déclinaison autrichienne, porte bien son nom et illustre précisément cette volonté de rupture. Mais la vague puissante de l’Art nouveau n’a pas uniformisé les styles et motifs. Bien au contraire. Les formes végétales de Gallé, Horta ou Gaudi contrastent avec les lignes droites de Mackintosh ou Hoffmann.
Dans toute l’Europe, et même aux États-Unis, les idées, les motifs, les styles, ont traversé les frontières, perpétuant tout en l’accélérant grâce au développement des moyens de transport et de communication, une tradition multiséculaire d’échanges artistiques. Les cultures nationales se sont ainsi nourries de ces influences réciproques. Plus encore, les hommes aussi se sont déplacés. Pour ne citer que les Viennois, c’est le peintre Oskar Kokoschka qui enseigne en Allemagne à l’académie de Dresde, c’est l’architecte Joseph Olbrich qui construit l’un des bâtiments de la « colonie d’artistes » à Darmstadt toujours en Allemagne, ce sont aussi les Ateliers viennois, la Wiener Werkstätte, qui aménagent l’ensemble de l’hôtel particulier du riche banquier belge Stoclet à Bruxelles.
L’Art nouveau qui ressemble à bien des égards à la mondialisation d’aujourd’hui, mais il est vrai dans des proportions plus modestes, a sans doute provoqué quelques dégâts collatéraux. Mais par le formidable mouvement de régénération des arts et du cadre de vie, en ouvrant la voie à la modernité dans les arts visuels et au design dans les arts appliqués, cette aspiration internationale a produit des richesses nouvelles et incalculables.
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Art nouveau et mondialisation
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°573 du 1 octobre 2005, avec le titre suivant : Art nouveau et mondialisation