Le gouvernement va-t-il rendre gratuite l’entrée dans les musées nationaux comme le prévoit le programme électoral de l’UMP ? La quatrième édition du palmarès des musées L’œil/Le Journal des Arts, qui est devenu l’observatoire annuel des musées français le plus précis et le plus exhaustif, devrait apporter des arguments aux adversaires de la gratuité totale.
Premier constat en forme d’interrogation : comment se passer des entrées payantes des touristes, des visiteurs très décidés, qui représentent plus de la moitié des 37 millions de visiteurs ? Un taux qui monte à 66 % pour les sept plus grands musées nationaux. Deuxième constat : la gratuité ne fait pas augmenter la fréquentation. Bien au contraire. Alors que le nombre total de visiteurs a augmenté de 1 % en 2006, il a chuté de 9 % pour les trente musées gratuits de l’enquête.
Sur le terrain il n’y a pas vraiment débat. C’est peu de dire que la mesure ne suscite pas l’enthousiasme des professionnels qui sont toujours à la recherche de financements. Leurs autorités de tutelles, elles-mêmes à court d’argent, compensent rarement le manque à gagner qui en résulte et se retranchent derrière cette mesure symbolique pour ne pas les aider là où c’est indispensable : l’accueil du public, les expositions temporaires, les outils de la conservation.
Stéphane Martin, le président du Quai Branly, a pris position contre la gratuité qui, selon lui, « appauvrit l’offre ». L’heureux directeur d’un musée qui atteint dès sa première année d’ouverture 1,7 million de visiteurs plaide plutôt pour une multiplication des propositions, par exemple la mutualisation des cartes jeunes.
Les partisans de la gratuité se recrutent surtout chez ceux qui n’ont pas à se colleter avec les problèmes de gestion. Leur argumentation angélique se fonde sur la notion de bien public des collections, de la beauté du don, mais oublie que le service des musées a un coût. Une approche aussi peu réaliste que de décréter la gratuité de la distribution de l’eau au motif que l’eau est un bien public.
Christine Albanel, nouvelle occupante d’un ministère de la Culture qui a conservé son autonomie, ne devrait pas être insensible aux problèmes du terrain. L’ancienne présidente du château de Versailles (4,74 millions de visiteurs en 2006, en progression de 5,4 %, dont 68 % de touristes !) devra faire preuve d’imagination pour concilier promesse électorale et pragmatisme.
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Après les promesses électorales
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°593 du 1 juillet 2007, avec le titre suivant : Après les promesses électorales