France : les trésors des entreprises

Par Jean-Christophe Castelain · L'ŒIL

Le 20 février 2009 - 523 mots

Avec quelques années de retard par rapport à l’Amérique, les entreprises françaises se mettent à constituer des collections d’art. Objectifs, règles, pratiques sont en devenir. Sans oublier la question de la pérennité de la collection, qui prend tout son sens dans la crise économique actuelle.

Longtemps placés sous le signe de la méfiance, les rapports entre art et entreprise sortent lentement de l’ère glaciaire. Si historiquement la publicité s’est très vite emparée de l’art, ce n’est que très récemment que les entreprises se sont mises à « mécèner » des expositions ou à acheter des trésors nationaux pour le compte des musées.

Encore moins nombreuses sont les entreprises qui bâtissent des collections d’art. Non pas celles où le président achètent quelques œuvres pour décorer son bureau, mais celles qui se dotent de moyens et d’une structure pour constituer un véritable ensemble. « Les premières collections sont apparues dans les années 1960, et l’essor date des années 1980 », relève Aline Pujo, conservateur de la collection Neuflize Vie/ABN AMRO (700 numéros, essentiellement des photos), et par ailleurs présidente de l’IACCCA, une toute jeune association internationale de conservateurs en entreprise. « On compte une vingtaine de grandes collections d’entreprise », ajoute-t-elle. Des collections exclusivement constituées d’art contemporain, évidemment plus accessible sur le marché et plus proche de la mission des entreprises. Création de produits et création artistique se rejoignent.

Quelles difficultés ?
Une entreprise n’est pas un musée. Les problèmes d’une collection d’art sont innombrables. À commencer par sa pérennité. À moins de loger les œuvres dans une fondation, celles-ci sont des actifs comme les autres, susceptibles d’être vendus au gré des changements de président ou des cycles économiques. Lehman Brothers et Alitalia viennent de mettre en vente leur collection.

Se pose également le problème de la finalité d’une collection d’entreprise. La communication interne est naturellement la première bénéficiaire. DRH ou service communication organisent des actions de formation à l’art contemporain en prenant appui sur la collection. Les œuvres sont accrochées dans les couloirs. Les salariés sont alors supposés éprouver de la fierté pour leur entreprise si arty, voire même tirer profit de la proximité des œuvres pour innover dans leur travail. Un message qui ne passe pas toujours, notamment auprès des syndicats ou des bas salaires qui pensent que leur entreprise devrait avoir d’autres priorités. En communication externe, la collection légitime les actions de mécénat.

Se pose enfin le problème de la conservation des œuvres. Comment les stocker, les protéger, les restaurer le cas échéant ? Il faut du personnel, des conservateurs. « L’association IACCCA organise chaque année un séminaire de travail pour ses membres », précise Aline Pujo. Au programme : la régie des œuvres, la mise en place d’un corpus de règles ou l’avenir de la collection.

Notre enquête revient en détail sur les enjeux et interrogations qui animent les collections d’entreprise. À travers notamment cinq cas qui font école en raison de l’activité de l’entreprise et de sa localisation géographique.

En savoir plus

IACCCA (International Association of Corporate Collections of Contemporary Art).
Site Internet : http://iaccca.com, tél. : 01 53 45 53 81.
Présidente: Aline Pujo, conservateur de la collection Neuflize Vie/ABN AMRO.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°611 du 1 mars 2009, avec le titre suivant : France : les trésors des entreprises

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