Quand la collection Tériade enrichit le musée Matisse

Trente-neuf œuvres de Matisse, Picasso, Chagall, Rouault, Giacometti, Miró, Laurens et Léger constituent un ensemble remarquable qui vient rejoindre les vingt-sept livres déjà offerts en 2002 au musée Matisse par l’épouse de l’éditeur et critique d’art Tériade (1897-1983).

L’excellence des œuvres de cette donation témoigne de la qualité des relations entretenues par Tériade avec les artistes qu’il a soutenus et édités. Ainsi, en 1951-1952, Matisse remodèle la salle à manger de l’éditeur d’art dans sa villa de Saint-Jean-Cap-Ferrat. L’artiste, âgé de 82 ans, entreprend d’y peindre un arbre monumental. Avec un large pinceau enduit d’émail noir, il trace sur des carreaux de céramique blanche d’énormes branches ponctuées de feuilles dessinées comme des flammèches.

Face au mur de céramique, il conçoit un étonnant vitrail océanique et décoratif, Poisson chinois, métamorphosant ainsi la petite pièce en chapelle profane. Démontée et reconstituée à l’identique au sein du musée, la salle à manger accueille également une table blanche, une coupe et un lustre de Giacometti aux formes géométriques épurées. Leur très grande sobriété et leur blancheur immaculée ajoute encore au raffinement et à la beauté sereine du lieu.

Deux nouvelles salles du musée consacrées à la donation s’ouvrent sur un Portrait de Tériade (1960) par Giacometti. Quatre toiles de Léger : Le Roi de cartes (1927), Nu avec branche (1931), Fleurs et dominos (1947), Nature morte devant la fenêtre (1950), quinze huiles sur papier de Rouault (1943), une Tête de femme couronnée de fleurs de Picasso (1969) y côtoient les livres illustrés par ces mêmes artistes. La collection Matisse s’enrichit également d’une toile majeure de 1944 : Jeune Femme à la pelisse, fond rouge. Et la cour du musée accueille désormais deux grands bronzes : La Lune de Laurens (1946) et Grande Femme III de Giacometti (1960).