PARIS
Ancré au bord de la Seine, sur la rive droite, entre l’avenue de New York et celle du Président Wilson, le musée d’Art moderne de la Ville de Paris a été inauguré en 1961. Sa conception remonte toutefois à 1934, en même temps que celle du Musée national d’art moderne, dans la perspective de l’Exposition internationale de 1937. Après deux ans de travaux, le MAMVP rouvre ses portes avec un nouvel accrochage de ses collections et deux expositions temporaires significatives de ses engagements, l’une consacrée à Pierre Bonnard, et l’autre à Pierre Huyghe.
Vu de la Seine, le MAMVP occupe l’aile gauche du Palais de Tokyo, œuvre des architectes Dondel, Aubert, Viard et Dastugue, lesquels avaient remporté le concours pour l’exposition de 1937. Leur projet architectural reposait sur l’idée d’un bâtiment d’une grande sobriété classique tenant compte des irrégularités du terrain et de sa dénivellation, ménageant une large percée entre les deux ailes (celle de gauche étant destinée au musée national). À l’intérieur, les différences de niveau avaient permis de créer des jeux de volumes très diversifiés que les architectes prirent le parti d’éclairer soit par des plafonds vitrés, soit par de grandes baies latérales.
Des dons exceptionnels Après l’Exposition internationale
de 1937, l’aile qui revenait à la Ville fut alors dévolue à différents salons afin d’échapper à toute réquisition. Ce n’est qu’au début des années 1950 qu’un important programme de modernisation fut engagé afin d’y installer le musée. Riches de plus de 8 000 œuvres, les collections du MAMVP couvrent pratiquement tout l’art du xxe siècle ; elles ont été constituées non seulement du fonds d’art moderne conservé au Petit Palais mais aussi de la générosité de nombreux collectionneurs.
Emanuele Sarmiento, diplomate colombien installé en France, fait don dès 1936 au Petit Palais de 56 œuvres d’artistes italiens et de l’école de Paris. En 1937, Ambroise Vollard offre un bel ensemble de céramiques décorées par Derain, Puy, Rouault et Vlaminck qui viennent s’ajouter à deux bronzes de
Picasso donnés antérieurement. Accepté en 1953, après sa mort, le legs du Dr Girardin renfloue le musée de quelque 500 œuvres – rien de moins ! – dont des pièces majeures de Matisse, de Picasso, de Soutine, de Rouault, etc.
Côté donation, il faut encore mentionner celles très importantes que font successivement en 1976, 1984 et 1986 Germaine Henry et Robert Thomas. C’est enfin sans compter avec les dons ponctuels d’artistes ou de collectionneurs et celui, magistral, de La Fée Électricité de Dufy (1937) par Électricité de France en 1954.
Si, au fil du temps, la Ville de Paris a acquis de nombreuses et prestigieuses œuvres – de Léger, Delaunay et Bonnard entre autres –, elle peut surtout s’enorgueillir d’avoir acheté La Danse de Paris de Matisse en 1937, et, en partenariat avec l’État, celle dite La Danse inachevée, en 1993.
De l’art contemporain aussi
Leur présentation en compagnie de Murs de peintures de Buren (1995) souligne l’action prospective du MAMVP en matière d’art contemporain telle qu’elle a été conduite depuis 32 ans au sein de l’ARC (Animation-Recherche-Confrontation). Sa politique en matière d’expositions tant monographiques que thématiques sur les grands mouvements et les artistes de la scène internationale a été exemplaire.
De Gasiorowski à Matthew Barney, en passant par Soulages, Boltanski, Kiefer, Raynaud, Penone, Messager, Lavier, Frize et tant d’autres, le MAMVP a montré l’essentiel de la création artistique des cinq décennies.
1867 Naissance à Fontenay-aux-Roses
1887 Parallèlement à des études administratives, il s’inscrit à l’académie Julian, où il rencontre Maurice Denis.
1889 Bonnard se joint à Vallotton, Vuillard et Maillol. Ensemble, ils forment le groupe des nabis.
1900 Il s’inspire d’estampes japonaises pour l’illustration de paravents, d’affiches. On le surnomme alors « le nabi très japonard ».
1910 Les Nus à la toilette sont une part importante de son œuvre.
1912 Acquisition d’une maison de campagne à Vernon en Normandie. Il découvre dans les environs l’atelier de Monet à Giverny et se lance dans la peinture de paysages.
1942 Marthe, l’unique amour et muse du peintre, décède.
1947 Bonnard décède dans sa villa du Cannet.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°577 du 1 février 2006, avec le titre suivant : Le MAMVP rouvre ses portes et dévoile les nus de Bonnard