Musées, galeries, directeurs d’institutions, artistes et architectes, à eux tous ils font la renommée et l’excellence de la Suisse en matière d’art. De Bâle à Saint-Moritz, en passant par Lausanne et Zurich, promenade helvétique…
Art Basel, « la » référence
Bâle - De 2 ans la cadette de la foire de Cologne, celle de Bâle, cofondée en 1970 par le regretté marchand d’art Ernst Beyeler, n’en est pas moins devenue depuis les années 1980 la plus importante au monde. Celle qu’il ne faut manquer à aucun prix, passage obligé pour tout collectionneur digne de ce nom. Mais qu’est-ce qui fait donc qu’Art Basel est incontournable ? Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, une organisation qui n’a jamais cessé d’aller en s’améliorant et qui a toujours su se régénérer en s’inventant des spots en phase avec l’époque et ses attentes, comme la séquence « Unlimited » dévolue à la présentation monographique d’œuvres d’art ambitieuses et à grande échelle. Ensuite, un casting d’exposants incomparable qui mêle les plus grandes enseignes aux plus prometteuses et qui joue intelligemment de la collusion entre art moderne et art contemporain. Enfin, une foire qui a su s’imposer en modèle et qui a enfanté par-delà les continents deux petites sœurs, l’une à Miami en 2002, l’autre à Hongkong, inaugurée le 26 mai dernier. Bref, Art Basel, c’est une véritable marque et une vraie pieuvre, à l’interne comme à l’externe.
Ce qui la rend attractive, ce n’est pas seulement l’impressionnante réunion qu’elle organise de quelque 250 galeries venues du monde entier, c’est aussi tout ce qu’elle a généré au fil du temps et continue d’engendrer de prestations dans son orbe. Il y a 40 ans, quand la foire a été créée, rien ne prédestinait vraiment la ville de Bâle à s’emparer du leadership international en matière d’art contemporain. Le contexte de son développement économique lui en a donné les moyens, aussi, au moment de la foire, l’offre est considérable tant par la multiplication des autres manifestations qu’elle a suscitées que par la programmation des institutions qui y ont vu le jour depuis lors. La notoriété d’Art Basel est telle aujourd’hui que les artistes sont nombreux qui n’hésitent pas à mentionner leur participation dans leur C.V. le cas échéant, c’est tout dire !
www.artbasel.com
Samuel Keller, une dynamique d’ouverture
Riehen Déjà six ans depuis sa nomination à la tête de la Fondation Beyeler ! Celui auquel le grand marchand d’art avait tendu la perche aura bientôt passé autant d’années à diriger celle-ci qu’il en avait consacré à gouverner Art Basel. Avec l’efficacité et l’enthousiasme qui le caractérisent, Samuel Keller a donc fait sa mue. En endossant les habits d’un directeur de musée, il n’a pas pour autant perdu le sens ni des affaires ni des relations. C’est que la Fondation Beyeler est une véritable entreprise et qu’il convient de la manager comme telle. Une entreprise dont la finalité est certes plus culturelle que la foire de Bâle, mais dont l’existence dépend tant de la qualité de sa programmation que de sa fréquentation. Parce qu’il aime les challenges et que « l’idée d’être entouré chaque jour de chefs-d’œuvre » le stimulait, Samuel Keller avait aussitôt répondu par la positive. Maintenant qu’il est en charge de penser une politique d’expositions qui soit singulière, il rayonne. Fort d’un réseau qui lui ouvre quasiment toutes les portes de l’art contemporain, il est épaulé par une équipe qui a fait ses armes avec le fondateur sur le terrain d’un art autant moderne qu’ancien, ce qui confère une puissante dynamique à l’institution.
www.fondationbeyeler.ch
Herzog & de Meuron, duo de stars
Bâle Les créations de l’agence Herzog & de Meuron, récompensées par les plus grands prix en architecture, ne passent jamais inaperçues, ni en Suisse ni ailleurs. Elles marquent visuellement les esprits, tant par la force, le raffinement de leur silhouette, le choix des matériaux que par l’union parfaite entre esthétique et fonctionnalité. Bâle, où Jacques Herzog et Pierre de Meuron ont installé leur agence d’architecture en 1978 après avoir étudié ensemble à Zurich, est la ville où se concentre le plus grand nombre de leurs réalisations. Que ce soit le monumental Schaulager, le poste d’aiguillage en métal de la gare de Bâle, l’extension du Musée des cultures ou tout dernièrement le nouveau bâtiment futuriste de la foire de Bâle, pour ne citer qu’elles, en attendant que ne s’élève à 178 m au-dessus du Rhin la tour Roche qui accueillera le siège social du groupe pharmaceutique. Les signataires, entre autres, de la Tate Modern à Londres, de la collection Goetz à Munich, du Young Museum à San Francisco sont aussi les auteurs talentueux de l’extension du Musée Unterlinden à Colmar, premier projet signé par l’agence bâloise en France.
www.herzogdemeuron.com
Audace helvétique : le Schaulager
Bâle Ni musée ni entrepôt, voilà l’étrange statut que revendique la Fondation Emanuel Hoffmann pour son Schaulager, inauguré en 2003 en banlieue de Bâle. Geste architectural audacieux signé du duo star Herzog & de Meuron, le siège de cette collection d’art contemporain exemplaire est avant tout un lieu de travail et de réflexion attirant les spécialistes du monde entier et exceptionnellement ouvert au public. Car il est surtout dédié à la conservation et à l’étude spécialisée des problématiques inhérentes à toute collection. Ainsi, 7 250 m2 sur les 16 500 que compte le bâtiment sont-ils dédiés à la présentation et la préservation des seules œuvres maison (dont 390 m2 dévolus à une création de Katharina Fritsch). Mais afin de poursuivre efficacement cette réflexion pointue, la fondation a aussi compris l’intérêt de se munir d’espaces d’exposition temporaire sans toutefois se plier aux contraintes d’un agenda fixe. Y sont ainsi venus Matthew Barney ou encore Robert Gober, autant de cas d’école. Cette saison, ce sont les conditions d’exposition de l’image animée et du cinéma à travers l’exemple de Steve McQueen qui sont passées au crible.
www.schaulager.org
Barbier-Mueller, la perfection
Genève Présentée avec la même dramaturgie scénographique que des bijoux de haute joaillerie – ambiance sépulcrale déchirée par d’élégants éclairages par objets –, la sélection très resserrée d’« antiques » des Barbier-Mueller fascine par sa qualité. Nul doute qu’il s’agit de spécimens collectionnés par des esthètes et présentés comme tels : figure cycladique de type « violon », idole dite « à lunettes » de Mésopotamie, palette à broyer le fard de l’Égypte néolithique, figure du nord de l’Inde, main d’Ombrie. Tous ces objets et toutes ces figures se caractérisent par la pureté de leurs formes synthétiques, d’une contemporanéité saisissante. Magnifiées dans leurs vitrines feutrées aux cartels translucides bien pensés (mais peu instructifs, le manque d’accompagnement à la visite est d’ailleurs criant et quelque peu déroutant), les sculptures révèlent leurs pleins pouvoirs de fascination esthétique. Finalement, les choix stricts et concis s’avèrent un très bon point. L’exposition « Arts de l’Antiquité. Une collection centenaire », jusqu’au 6 octobre, retrace à la perfection cette passion des hommes de la famille pour une Antiquité sans cesse renouvelée, des Cyclades à la Syrie, de l’Indonésie à l’Afghanistan. Une manière de revisiter les classiques grecs, romains et égyptiens avec un plaisir tout suisse : chic, retenu mais imparable.
www.barbier-mueller.ch
Christian Bernard, l’âme du Mamco
Genève L’an prochain, l’institution-phare de Genève fêtera ses 20 ans. Imaginé par le Français Christian Bernard, le plus grand musée d’art contemporain suisse déploie quelques-uns de ses milliers de trésors qui ne cessent de s’étoffer (récemment, la veuve de l’artiste Alighiero e Boetti a fait un don conséquent) au sein d’un ancien bâtiment industriel genevois. Christian Bernard, indéfectible dans ses amitiés artistiques, a fait la part belle à ses anciens étudiants du temps où il dirigeait la Villa Arson, et ce à partir de 1986 : Pascal Pinaud (en 2001 et 2010), Natacha Lesueur (2011) ou encore Philippe Ramette (2008). Sans que cela l’enferme, car ce grand directeur a su renouveler ses classiques, comme lorsqu’il a donné sa chance à Vincent Lamouroux en 2005, produisant Scape, œuvre séminale du jeune Français, ou pour cette salve de commandes publiques à Mohamed Bourouissa. Christian Bernard devra passer la main d’ici à trois ans, une tâche difficile que de lui choisir un successeur tant sa patte est prégnante. À Nice, son modèle d’enseignement lié à la programmation curatoriale et aux résidences est toujours la référence. Et le Mamco, « son » musée. Sa succession sera tout un enjeu pour que l’institution survive à son maître.
www.mamco.ch
Le Musée Rath, temple des arts
Genève Le général Simon Rath, à sa mort en 1819, lègue 182 000 florins à ses sœurs afin qu’elles financent la construction, à Genève, du premier Musée des beaux-arts de Suisse ouvert au public. Terminée en 1826, sa façade emblématique de temple grec continue de recevoir les visiteurs. Dès 1875, le musée est à l’étroit dans ses murs. En 1910, l’inauguration du Musée d’art et d’histoire sur le site voisin des Tranchées vide le Musée Rath de ses collections et décide de sa nouvelle affectation. Depuis lors, l’édifice néoclassique est exclusivement destiné à accueillir les grandes expositions temporaires du nouveau musée dont il dépend. Prochaine en date, la collection du Musée Migros d’art contemporain de Zurich, jusqu’au 22 septembre.
www.ville-ge.ch/mah/
Zurich, ville forte en collections impressionnistes
Zurich Fin 2012, les Zurichois ont voté l’extension du Kunsthaus : un bâtiment réalisé par le Britannique David Chipperfield qui permettra à l’institution de devenir, à son ouverture en 2017, le plus grand musée suisse. Cet agrandissement était incontournable, car l’édifice construit par Karl Moser en 1910 est trop exigu pour accueillir les 300 000 visiteurs annuels et déployer la totalité de sa collection. Cette extension constitue, aussi, la condition sine qua non de l’obtention du prêt à long terme des 190 œuvres impressionnistes de la collection d’Emil Bührle. Cette collection zurichoise, jusqu’ici conservée dans une fondation privée peu accessible, recèle des pièces majeures, dont Le Garçon au gilet rouge de Cézanne. Sa réunion avec les œuvres du Kunsthaus fera de Zurich la détentrice de la deuxième collection impressionniste d’Europe, après Paris.
www.kunsthaus.ch et www.buehrle.ch
La Dream Team d’Eva Presenhuber
Zurich Doug Aitken, Liam Gillick, Candida Höfer, Beat Streuli, Latifa Echakhch (sélectionnée pour le prix Marcel-Duchamp 2013), Ugo Rondinone, etc., l’équipe d’artistes de la Galerie Eva Presenhuber est fameuse comme le onze d’un FC Barcelone. Composée d’artistes internationaux avec un banc permanent d’artistes suisses, la squadra zurichoise inaugure un second écrin dans les bâtiments rénovés du Löwenbräu-Areal, nouvel épicentre du marché de l’art local. En pointe, Valentin Carron représente la Suisse à la Biennale de Venise.
www.presenhuber.com
Romance photo
Hermance Tout a commencé quand Michel Auer, photographe, a rencontré Michèle à Paris. Ensemble, ils ouvrent un stand aux puces de Saint-Ouen spécialisé dans les objets liés à la photographie, puis s’installent à Genève où ils continuent d’enrichir leurs collections de vintages, d’appareils photo… Depuis, leur fondation, créée en 2009 et installée dans le joli village d’Hermance au bord du lac Léman, conserve notamment leurs 50 000 vintages couvrant l’histoire de la photographie jusqu’à nos jours et poursuit l’actualisation de l’Encyclopédie internationale des photographes entamée lors de leur retour en Suisse et accessible sur le site de la fondation. Organisation d’expositions à partir de la collection, publications, programmation de stages, résidences sont aussi des missions de l’institution.
www.auerphoto.com
John M Armleder, Super-Suisse
Depuis la toute fin des années 1960, il promène sa nonchalance de dandy et sa tresse fine impeccable. Pas carriériste pour deux sous, il est toutefois l’auteur d’un corpus hétérogène remarquable. D’ailleurs, il est une référence pour nombre de jeunes artistes tant il excelle dans de multiples domaines. Si l’on se délecte sans lassitude de l’outrecuidance formelle et intellectuelle de ses Furniture Sculptures créées à partir de la fin des années 1970, John M Armleder ne s’est pas contenté d’appliquer une recette qui marche.
Il peint, assemble, sculpte la lumière et surtout accroche comme personne. Salle festonnée du Mamco, scénographie inoubliable aux Abattoirs de Toulouse en 2008, exposition panthéiste sur podium l’an dernier au Palais de Tokyo, Armleder ne se refuse rien sans toutefois revendiquer. C’est là tout son talent.
John M Armleder expose actuellement au Dairy Art Center à Londres.
Les 20 ans du Fotomuseum
Winterthur Cette année, le Fotomuseum Winterthur fête ses 20 ans. Bel âge pour une maison qui peut s’enorgueillir de s’être hissée à l’international parmi les institutions de référence en photographie contemporaine, à l’instar du Musée de l’Élysée à Lausanne. Collections et expositions ont construit sa réputation. De Robert Frank à Annette Messager ou Annelies Strba, la collection est riche de 4 000 œuvres de 400 photographes (accessibles sur le site Internet du musée). Pour les 20 ans du musée, l’exposition « Set 10 » revient ainsi, du 8 juin au 9 septembre, sur le travail du photographe Paul Graham, auquel le musée a consacré sa première exposition en 1993, tandis que la rétrospective de Lewis Hine décrypte l’itinéraire de cette grande figure historique de la photographie sociale.
www.fotomuseum.ch
Centre Paul-Klee, une collection dans un écrin
Berne Pas moins de 4 000 œuvres de l’artiste sont conservées au Zentrum, comme disent les Bernois. Le musée, qui peut se prévaloir d’une moyenne de quatre expositions d’art par an, est logé dans un édifice qui, à lui seul, vaut le détour. Le bâtiment, inauguré en 2005, est signé Renzo Piano. L’architecte italien s’est inspiré du site naturel environnant. Ce dernier est composé de trois collines dont l’alignement se répète dans la structure sinusoïdale de l’édifice. S’en dégage une harmonie parfaite qui rend hommage à l’œuvre de Paul Klee, né en 1879 dans une famille de musiciens. « Klee de sol » de la programmation, les concerts hebdomadaires de l’Ensemble Paul Klee qui se produit dans l’auditorium du centre comme dans les salles d’exposition temporaire.
www.zpk.org
Collection de l’art brut
Lausanne S’il est un musée résolument hors normes dans toute l’Europe, c’est bien la Collection de l’art brut de Lausanne. Inauguré en 1976 grâce à une importante donation d’œuvres offertes par Jean Dubuffet (1901-1985) à la ville, il fut le premier musée à se consacrer exclusivement à des productions « barbares » échappant à toute règle et à toute normalité, réalisées par des créateurs autodidactes rebelles ou imperméables aux valeurs de la culture dominante. La collection compte aujourd’hui plus de 60 000 œuvres de 400 auteurs. Parallèlement aux expos temporaires, près de 700 créations sont présentées en permanence sur les quatre étages du château de Beaulieu. Elles sont signées d’artistes connus – le Français Augustin Lesage (1876-1954), la Suisse Aloïse (1886-1964) – ou moins familiers – la Chinoise Guo Fengyi (1942-2010) et le Japonais Matsumoto Kunizo (né en 1962). Fidèle à la pensée provocatrice de Dubuffet – « J’aime le peu. J’aime aussi l’embryonnaire, le mal-façonné, l’imparfait, le mêlé. J’aime mieux les diamants bruts, dans leur gangue. Et avec des crapauds » –, l’équipe de la Collection de l’art brut reste en première ligne dans l’exploration et la découverte de territoires inconnus dans un univers culturel où tout devient de plus en plus normé et contrôlé. www.artbrut.ch
L’Hermitage, une fondation haut perchée
Lausanne Située sur les hauteurs de Lausanne, face au lac Léman, la Fondation de l’Hermitage a su trouver sa place dans le paysage des musées suisses. Créée en 1984 et installée dans une maison-musée du XIXe siècle, appartenant à la Ville, elle présente trois expositions par an. Bien qu’elle constitue progressivement sa collection, ses manifestations sont presque exclusivement dédiées aux collections extérieures, privées dans la plupart des cas. Les relations privilégiées que la fondation entretient avec ses pairs lui permettent d’accueillir de prestigieux ensembles, à l’instar des collections Barbier-Mueller et Planque. L’institution organise également des monographies, principalement consacrées aux artistes populaires des XIXe et XXe siècle, à l’image de la prochaine rétrospective de Miró. Enfin, l’Hermitage présente également des expositions thématiques, proposant parfois des approches insolites, comme la récente manifestation axée sur la place de « La fenêtre dans l’art, de la Renaissance à nos jours ».
www.fondation-hermitage.ch
Alice Pauli, le trait d’union
Lausanne La doyenne des galeristes suisses se définit comme un « passeur d’images », ce qu’elle est avec succès depuis 1962, date d’ouverture de sa galerie lausannoise. Plusieurs générations d’artistes s’y côtoient, de Pierre Soulages à Mark Tobey, en passant par les Suisses Rebecca Horn et Peter Wüthrich. La qualité des artistes fut et reste le fer de lance de la galerie, qui s’assure une couverture internationale par sa présence régulière à la foire de Bâle depuis le début des années 1970.
www.galeriealicepauli.ch
Léonard Gianadda, un grand fondateur
Martigny Il le dit lui-même : « L’accident de Pierre a été le catalyseur qui m’a poussé à créer cette fondation… » Celui qui parle s’appelle Léonard Gianadda, et celui dont il parle est son frère cadet, décédé en 1976 suite à un accident d’avion. Frappé par le destin, c’est dans l’action culturelle que Léonard a rebondi. Tout d’abord en créant une sorte de fondation- mémorial en hommage à son frère, à Martigny, sur le site même où, ingénieur en génie civil et grand bâtisseur, il avait mis au jour un site gallo-romain qu’il avait choisi de préserver plutôt que d’y construire un immeuble locatif. Ensuite, en y bâtissant un musée archéologique pour abriter les vestiges de la région. Enfin, en vouant cette fondation à l’art de sorte à y drainer le plus grand nombre. Sa construction en béton armé, son ample parc de sculptures et une programmation digne d’un musée ont fait de la Fondation Pierre Gianadda un lieu d’excellence et de référence en Europe. De convivialité simple, aussi. Né en 1935, Lion ascendant lion, une allure à la Joseph Kessel, Léonard Gianadda, qui est membre de l’Institut de France, n’a pas seulement réalisé un rêve, il a fait véritablement une œuvre. Soucieux de créer sans cesse l’événement, il est sur tous les terrains, des beaux-arts à la musique, en passant par l’automobile dont on peut voir un musée dans les locaux de la fondation. Rodin, Monet, Gauguin, Chagall, Picasso, Fautrier, Szafran et bientôt Modigliani sont ses hôtes.
www.gianadda.ch
Musées cantonaux du Valais : un pour tous, tous pour un
Sion Ville médiévale, Sion n’est pas que le siège des évêques du Valais, mais aussi celui des musées cantonaux. Au nombre de trois, ils occupent les deux collines qui donnent à la cité épiscopale sa silhouette reconnaissable entre toutes. En 2001, la restructuration du paysage muséal de la ville parachève une volonté ancienne de concentration des institutions qui s’exprime, aujourd’hui, par une synergie originale et féconde entre le Musée d’art, le Musée d’histoire et le Musée de la nature. Leur thème unificateur est évidemment le Valais appréhendé de manière globale et pluridisciplinaire, à l’image de la diversité des collections cantonales. Si chaque entité s’appuie sur ses points forts historiques, en revanche, les accrochages thématiques se veulent transversaux. « La montagne sous toutes ses couleurs », « L’homme et la nature en Valais » et « Vers une histoire culturelle du Valais », chacune des trois collections permanentes ainsi nommées replace l’homme, à travers le temps, au centre de son environnement naturel, géographique, social et culturel.
Cette lecture polysémique cultive un but essentiel qui est de déconstruire l’image pittoresque du Valais, canton de surcroît réputé replié sur lui-même. Depuis plus de vingt ans, les musées cantonaux œuvrent ensemble pour rappeler aux Valaisans d’abord, aux visiteurs de passage ensuite, que leur territoire fut, au contraire, une terre d’échanges permanents qui désavoue le cliché identitaire et rétrograde persistant. www.musees-valais.ch
Musée Segantini : une expérience au sommet
Saint-Moritz De Saint-Moritz, dix minutes à pied suffisent pour rejoindre le promontoire où fut inauguré le Musée Segantini, en 1908. Celui-ci, agrandi et rénové en 1990, conserve son allure de temple rustique dédié au plus grand peintre des Alpes. L’architecte s’était inspiré de l’édifice à coupole que Giovanni Segantini (1858-1899) avait dessiné pour le pavillon suisse de l’Exposition universelle de Paris, en 1900. L’écrin circulaire abrite en permanence le chef-d’œuvre du peintre italien : Le Triptyque des Alpes (1897), grande fresque alpine qui décrit, sur un mode à la fois réaliste et symboliste, les travaux saisonniers des champs assimilés aux différents âges de la vie. Une œuvre méditative qui fait prendre de l’altitude. Ouverture estivale le 8 juin.
www.segantini-museum.ch
Marc Bauer, le fusain animé
Finaliste du prix de dessin de la Fondation Guerlain, en 2012, Marc Bauer multiplie depuis les expositions en France. Après le dynamique Centre culturel suisse à Paris, c’est bientôt au tour du Frac Auvergne d’inviter le jeune dessinateur genevois en qualité de commissaire de l’exposition « La révolte et l’ennui ». Pour l’occasion, sera diffusé son premier film d’animation. L’Architecte, film muet, emprunte au dessinateur son univers noir et blanc qui traduit la part sombre de son auteur, passé maître du fusain, sa technique de prédilection.
www.marcbauer.ch
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Ils font la Suisse des beaux-arts
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°658 du 1 juin 2013, avec le titre suivant : Ils font la Suisse des beaux-arts