Disparition de la galeriste suisse Alice Pauli

La collectionneuse, galeriste et mécène Alice Pauli est décédée le 15 juillet dernier. Elle venait de fêter son 100e anniversaire. Véritable pilier de la foire Art Basel – elle n’a manqué que deux éditions depuis sa création en 1970 – cette lausannoise a présenté dans sa galerie éponyme de grands noms de la scène artistique internationale tels que Soulages et Penone. 

Jusqu’à la parution, en 2020, de l’ouvrage Alice Pauli, une galerie (1962-2020), on savait peu de choses sur elle. Pas même sa date de naissance. A présent, on en sait davantage. Alice Pauli naît en 1922 à Moutier (en Suisse). Elle commence sa carrière dans l’horlogerie. Puis, au début des années 1950, elle rencontre le graphiste Pierre Pauli. En 1954, ils se marient et l’année suivante ils ont un fils, Olivier. Ensemble, Pierre et Alice développent leur goût de l’art contemporain et en 1962 ils sautent le pas. A Lausanne, il lance la Biennale de la Tapisserie (qui prendra fin en 1994) et elle ouvre sa galerie d’art contemporain. 

La Galerie Pauli se fait rapidement un nom. D’abord en Suisse puis en Europe et enfin dans le mode. Alice déniche des artistes dont elle devine le succès futur. Elle commence avec le peintre figuratif allemand Julius Bissier (1893-1965), le peintre abstrait américain Mark Tobey (1890-1976) et le tapissier français Jean Lurçat (1892-1966). Elle continue avec les peintres français Pierre Soulages (né en 1919) et Philippe Cognée (né en 1957), et le sculpteur italien Giuseppe Penone (né en 1947). Olivier la rejoint. Germe alors l’idée de créer une antenne à Paris ou à Berlin pour la confier à leur fils. Mais celui-ci meurt brusquement en 1994 (à 39 ans). L’année suivante, elle déménage sa galerie dans un espace plus grand de Lausanne. La galerie s’y trouve toujours. 

Présentée comme une marchande de l’art « curieuse, tenace et passionnée » par le jury du prix culturel Leenards, qui lui a été remis en 2012, Alice Pauli s’est aussi montrée généreuse en léguant une grande partie de sa collection au pôle muséal de Lausanne Plateforme 10.