Eric de Chassey, directeur de la Villa Médicis, plaide pour un décloisonnement de l’histoire de l’art. Efficace, parfois naïf.
Ce énième opus sur l’histoire de l’art ne retiendrait pas l’attention s’il n’était écrit par Éric de Chassey. La nomination à la direction de la Villa Médicis, à Rome, de cet universitaire et commissaire d’exposition au parcours ascensionnel, donne forcément du crédit à son propos. L’auteur insiste, à juste titre, sur le caractère vivant de l’œuvre d’art : « l’objet », comme il l’appelle, suscite émotion et plaisir esthétique et cristallise en quelque sorte tout le contexte de sa création. L’objet d’art ne se réduit pas à sa valeur documentaire, de sorte que la branche positiviste de l’histoire de l’art qui domine actuellement en France passe à côté de la spécificité de l’œuvre d’art. De Chassey livre alors une critique courageuse et salutaire d’une communauté un peu trop corporatiste, clivée entre universitaires et conservateurs. Constatant que l’histoire de l’art est trop nationale, il en appelle ensuite à une ouverture européenne, qui utiliserait l’anglais comme langue de travail. Tout cela est bien écrit, simplement, avec de nombreux exemples, et très convaincant. Mais l’auteur s’enlise un peu lorsqu’il s’aventure sur le terrain de l’enseignement de l’histoire de l’art en milieu scolaire. Lui-même admet qu’il connaît moins ce domaine. D’ailleurs toute cette partie apparaît comme une retranscription à peine rédigée de plusieurs entretiens, avec les qualités du langage parlé mais aussi ses défauts (répétitions, pensée plus discursive). Pour résumer, il invite ses collègues du secondaire à utiliser les services des universitaires et affirme le point de vue classique et pertinent selon lequel ce type d’apprentissage vise d’abord à développer le sens critique des élèves. Mais il fait comme si cet enseignement disposait de plusieurs heures par semaine, ce qui est loin d’être le cas, rendant son propos inopérant.
Alléché par ces nobles ambitions, on s’attend dans la troisième (courte) partie à ce que le commissaire d’exposition développe des propositions concrètes d’outils de décodage de l’art auprès des adultes. Ce n’est pas le cas. On relève surtout qu’une institution culturelle qui fait des bénéfices passe à côté de son objet.
Éric de Chassey, Pour l’histoire de l’art, éd. Actes Sud, 2011, 135 p., 18 €, ISBN 978-2-7427-9684-7
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
« Une » histoire de l'art
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°349 du 10 juin 2011, avec le titre suivant : « Une » histoire de l'art