PARIS [28.10.16] - À la télé, Chtchoukine domine – on ne s’en étonnera pas – tandis que la Renaissance tire sa révérence. À la radio, Magritte et Di Rosa envoient de bonnes ondes.
Cette semaine, trois émissions se détachent sur le petit écran. Vendredi soir, à 20h20, Chtchoukine fait une entrée libre, dans l'émission homonyme de France 5. Sous le nom de « Tchoukine », qui se prononce en réalité « Chioukine », ce reportage de quatre minutes résume avec entrain le propos de la très médiatisée exposition à la Fondation Louis Vuitton. Il se distingue notamment par l'intervention d'André-Marc Delocque-Fourcaux, le petit-fils du mécène russe, aux propos directs.
Arte rend plus longuement hommage au collectionneur, dimanche 30 octobre, à 17h25, dans un documentaire qui, à travers plusieurs reconstitutions et documents d'archives, a le mérite de replacer le collectionneur russe dans son contexte historique. À la voix limpide du narrateur répond toutefois, pour la lecture de certaines lettres, un accent slave d'autant plus artificiel que faux. Autre bémol : la bande son privilégie Chopin, alors que le collectionneur préférait Scriabine. Au prix de quelques longueurs, l'ensemble paraît relativement exhaustif. Quoiqu’un mot sur l’autre grand collectionneur Ivan Morozov eût été le bienvenu, ne serait-ce que pour mettre en valeur la grande ouverture d'esprit de Chtchoukine, qui fut l'un de premiers à ouvrir sa maison-musée au public. À l'inverse, son compatriote et rival gardait ses trésors, majoritairement nationaux, pour lui tout seul.
La chaîne Histoire propose, elle, de faire un dernier bon, d'un demi-siècle en arrière. Dans « Enfer, Serpents et Géants », qui clôt la série La Renaissance, revue et corrigée, le critique d'art britannique Waldemar Januszczak s'est donné pour mission de révéler l'un des paradoxes du Quattrocento. Prêchant l'ordre et la raison, l’époque s'incarne dans des artistes à l'imagination débridée. « Ce renard de Léonard » était moins brillant qu'« ambitieux, déconcertant, et instable ». Le présentateur utilise le même ton familier pour ses autres cibles, Arcimboldo, Bernard Palissy et El Greco. Le tout assorti d'anachronismes plus ou moins heureux. Ainsi Le Jardin des Délices de Jérôme Bosch est un « parc à thèmes autour du pêché » ; son « panneau central représente Disney ». Quelques lapalissades sont autant de traits d'esprit manqués. Exemple : « La seule chose qui mériterait d'être soulignée, c'est que c'est une œuvre de la Renaissance, tout comme la Joconde est une œuvre de la Renaissance ». Malgré ces maladresses, l'humour anglais, triomphe au service d'une thèse tout aussi cliché, à savoir qu'il n'est pas de génie sans un grain de folie.
C’est sur France Culture que ce week-end promet des émissions passionnantes. À commencer par Les Regardeurs, dimanche, à 14h. Il ne faut pas se fier aux notes introductives, qui augurent une tonalité dysphorique. Certes, il est question de la froideur scientifique, voire de la cruauté de René Magritte, à l'honneur au Centre Pompidou. C'est pourtant avec une grande décontraction que Jean de Loisy et ses deux invités abordent le sujet. Attendrie par cette exposition « noire... de monde », Gloria Friedmann parle du peintre au présent comme s'il était encore vivant. Quant à Bernard Marcadé, il décrit un artiste à la fois rongé et inspiré par l'ennui qui, contrairement à ses homologues français, a tenté de « vaincre sa mélancolie en surévaluant la couleur ». Ainsi serait né le surréalisme en plein soleil, la période Renoir, à savoir moins noire, de Magritte.
Sur un ton plus léger, Marie-Hélène Fraïssé reçoit Hervé Di Rosa « de Sète (sa ville natale) à sept (heures) », samedi, dans Tout un monde. Tel est le titre de son émission. L'entretien va parfois dans tous les sens ; ce qui ajoute au charme de l'artiste interviewé, globe-trotter, fou de Superman, Spirou et Gros Minet, inventeur des arts modestes, dont il justifie le pluriel par un refus d'adhérer à tout mouvement. La demi-heure s'écoule dans la bonne humeur.
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TV / Radio : la sélection du JDA - 28 octobre 2016
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