Théâtre - Rarement un spectacle de sortie d’école fut aussi réussi. Le temps a passé, depuis 2023 : les élèves de la promotion 47 de l’école du Théâtre national de Strasbourg sont devenus professionnels, entrant dans le métier grâce à l’un des plus grands directeurs d’acteurs actuel, Sylvain Creuzevault, et d’artistes clés de sa troupe.
Le socle qui sous-tend ce spectacle épique est un roman-somme de Peter Weiss (1916-1982), à la fois allégorique et documentaire, sur les défaites du mouvement ouvrier européen de la première moitié du XXe siècle, incapable de contrarier la montée du fascisme et du stalinisme. Ces communistes idéalistes et traqués cherchent à se réapproprier leur faculté à s’exprimer. S’ils convoquent les œuvres de Bruegel l’Ancien, Dürer, Kafka, Delacroix, Géricault ou Dante, c’est pour y chercher une lecture nouvelle des situations qui les affectent et pour les dépasser. D’où le titre de ce spectacle, si obscur au premier abord. Ce résumé un peu austère ne rend pas justice à la force avec laquelle cette fresque politique nous parvient. Dans un jeu tendu, les acteurs, très nombreux, servent avec autant d’audace que de puissance brute une mise en scène distancée et brechtienne. Les images créées au plateau sont saisissantes. On retiendra notamment ce passage hypnotique et effrayant, analyse frénétique d’une projection du Massacre des innocents de Bruegel l’Ancien qui illustre l’enjeu majeur du spectacle : réinventer un regard sur les œuvres, pour annoncer et comprendre une catastrophe pourtant écrite depuis longtemps.
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Quand dire, c’est résister
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°779 du 1 octobre 2024, avec le titre suivant : Quand dire, c’est résister