PARIS
Chaque jeudi, à 8 h 15 et 8 h 45, « Les Matins Jazz », l’émission de Laure Albernhe et Mathieu Beaudou, invitent L’Œil et Le Journal des Arts à parler d’art sur l’antenne de TSF Jazz. Le 18 avril 2019, Jean Christophe Castelain, rédacteur en chef du Journal des Arts, revenait sur les dons qui affluent depuis lundi 15 avril pour restaurer Notre-Dame.
Chronique à réécouter ici dans son intégralité ou à lire ci-après :
Où en est-on sur l’appel aux dons pour restaurer Notre-Dame ?
Jean-Christophe Castelain : Les annonces et polémiques vont bon train. Il faut d’abord saluer le formidable mouvement de mobilisation qui a démarré avant même que l’incendie de la Cathédrale ne soit éteint. Plusieurs personnalités ont alors indiqué qu’il serait nécessaire de faire appel aux dons pour reconstruire la cathédrale.
Dans la nuit de lundi à mardi, la groupe Pinault frappe fort et annonce qu’elle donnera 100 millions d’euros. Mardi matin, Bernard Arnaud et le groupe LVMH doublent la mise en annonçant qu’ils donneront 200 millions. Depuis lors, les promesses de dons affluent de la part des grandes entreprises pour atteindre la somme incroyable, à ce jour, de 850 millions d’euros.
Pour bien situer les choses, le budget annuel du ministère de la Culture pour la restauration des monuments historiques est de 350 millions d’euros. Un autre chiffre pour bien prendre la mesure du sujet : la Mission patrimoine de Stéphane Bern, avec son tirage spécial du Loto dont a beaucoup parlé, a réuni… 20 millions d’euros. 20 millions, donc, contre 850 millions pour Notre-Dame.
Tant mieux pour Notre-Dame de Paris, car il faudra au moins cette somme pour la restaurer en cinq ans, si l’on veut qu’elle soit de nouveau ouverte pour les Jeux Olympiques de 2024. Mais cet afflux d’argent fait débat : de nombreuses voix s’élèvent pour dire que ces grands groupes s’offrent de la publicité à bon compte, car ils devraient pouvoir, en théorie, récupérer 60 % de leur don. Certains donateurs, comme François Pinault, ont cependant annoncé qu’ils renonceraient à cette défiscalisation. D’autres disent que cela montre bien que les grands groupes ont beaucoup d’argent et qu’ils pourraient en donner aussi pour les gens en difficultés.
Et le sujet est en train de devenir explosif car la politique s’en mêle. Le chemin de crête est étroit. Il y a l’enjeu symbolique qui est de montrer que l’État s’intéresse autant aux vieilles pierres qu’aux hommes, mais il y a aussi l’enjeu de la reconstruction. Car d’une manière ou d’une autre, il va bien falloir trouver ces centaines de millions d’euros pour restaurer Notre-Dame.