PARIS
La bibliographie de Pierre Soulages est déjà importante, mais il y manquait un catalogue raisonné qui donne une vue complète et systématique de son œuvre.
Pierre Encrevé, titulaire de la chaire de linguistique variationniste à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, s’est attelé à cette immense tache, que sa complicité avec le peintre et son épouse a grandement facilité. Des toutes premières années d’apprentissage jusqu’aux abstractions de la fin des années cinquante, ce premier volume suit pas à pas la lente évolution du peintre.
Pierre Encrevé relate la rupture qui mènera Soulages "d’un coup, de plain-pied dans l’univers de la peinture contemporaine, non dans le courant alors dominant, mais plus précisément dans ce qu’on désignait comme une avant-garde dont il allait être […] une figure remarquée et bientôt majeure." Aux figures orientalisantes des années quarante se substitue bientôt un espace de plus en plus restreint, et parfois crispé, parfois dramatique, avant que le style ne se mette définitivement en place et n’engage son auteur dans l’extrême répétition.
Hormis quelques rares tableaux perdus ou détruits, ce catalogue est exhaustif et s’en tient à une chronologie aussi stricte que possible (toutes les œuvres sont intitulées d’après une date plus ou moins précise). Et le texte, qui accompagne ce développement dans chacune de ses étapes, est d’une précision et d’une rigueur toutes scientifiques, au point que l’on croit y reconnaître un effet de mimétisme – comme si le temps et l’espace de l’abstraction se devaient aussi d’être abstraits, comme si la peinture de Soulages était un fruit sans arbre.
Pierre Encrevé, Pierre Soulages, "l’œuvre complet, Peintures, 1946-1959," 324 p., 1500 F. Le tirage de tête de cent exemplaires, accompagné d’une eau-forte originale : 8000 F.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Pierre Soulages, du brun au noir
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : Pierre Soulages, du brun au noir