Livre

Marie Darrieussecq : « Une photographie, c’est un regard, pas une intelligence artificielle »

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 24 septembre 2024 - 511 mots

France PhotoBook, groupement associatif de 30 éditeurs français de livres de photographies, a choisi l’écrivaine Marie Darrieussecq pour présider la 2e édition du prix des Libraires du livre de photographie dont le lauréat est annoncé le 14 octobre.

Pourquoi avoir accepté cette présidence ?

Parce que je suis sensible à l’image depuis toujours, plus qu’à la musique. Je suis même photosensible. Bien avant la parution de Truismes, qui m’a permis d’acheter, à 27 ans, un autoportrait de Francesca Woodman, j’avais déjà beaucoup de curiosité pour la photographie. J’étais une cinéphile. C’est par la cinéphilie que je suis arrivée à la photo. L’autre raison qui m’a fait accepter la présidence de ce prix, c’est que mon prédécesseur était Yannick Haenel qui est un grand ami.

Peut-on dire que vous êtes arrivée à la photographie aussi par Hervé Guibert (1955-1991) auquel vous avez consacré votre mémoire de Maîtrise ?

Absolument, j’ai fait une partie de ma thèse sur Hervé Guibert. À la même époque, j’avais d’autres photos dans l’œil sans forcément connaître le nom du photographe. C’est arrivé plus tard. Mais j’avais déjà l’œil sur Nan Goldin, puis après ce fut sur de grands classiques : Robert Doisneau, Henri Cartier-Bresson…

Quel a été votre premier texte sur un artiste ?

Louise Bourgeois. Ce fut une commande de Marie-Laure Bernadac pour le CAPC de Bordeaux, en 1998. C’est elle qui m’a donné le déclic. Très vite ensuite j’ai écrit un texte pour le livre Illusion de Dolorès Marat (2003) dans une belle édition chez Filigranes. Elle est la première photographe pour qui j’ai écrit, puis il y a eu Bernard Faucon, Juergen Teller, Kate Barry, Gilbert Garcin, Charles Fréger qui est devenu un ami et Valérie Belin pour le dernier texte. Le portrait qui circule actuellement sur moi est de Charles Fréger [voir ci-contre], auteur aussi de la couverture Folio de deux de mes romans [Il faut beaucoup aimer les hommes, prix Médicis 2013, et Notre vie dans les forêts, 2017]

Vous avez publié en 2016 un livre sur la peintre allemande Paula Modersohn-Becker. Seriez-vous tenté d’en écrire un sur un photographe ?

Non. Je pense que ce sera la seule biographie que je ferais de ma vie. Je suis plutôt une romancière. J’ai un lien très fort avec l’imaginaire, justement avec les images qui se forment dans nos têtes.

Qu’est-ce qui vous amène à écrire une préface ou un texte pour tel ou tel photographe ?

Les affinités, et évidemment leur travail. On commence toujours par se voir. Dans le cas de Dolorès Marat et Charles Fréger, ils m’ont prise en photo. Je me souviens encore du contact humain avec Dolorès Marat, de sa fébrilité qui se voit dans le léger flou de ses photographies. J’ai adoré la personne et j’ai une très grande admiration pour son travail, pas assez reconnu à mon goût.

Quel est l’enjeu de ce prix des Libraires du livre de photographie ?

Justement mettre en avant un ou une photographe qui ne serait pas assez dans notre œil. Car une photographie, c’est un regard pas une intelligence artificielle.

À consulter
Le site de France PhotoBook (www.francephotobook.fr) pour connaître la liste des 27 titres sélectionnés pour le prix des Libraires du livre de photographie.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°779 du 1 octobre 2024, avec le titre suivant : Marie Darrieussecq : « Une photographie, c’est un regard, pas une intelligence artificielle »

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