Sixième et dernier opus en date de cette collection destinée aux malvoyants et aux non-voyants, cet ouvrage sur la Villa Cavrois de Robert Mallet-Stevens, à Croix, près de Lille, est le premier, après la Sainte-Chapelle ou l’abbaye de Cluny, à être consacré à un édifice du XXe siècle.
Si ledit bâtiment est à n’en point douter un chef-d’œuvre de l’architecture moderniste, le livre, lui, est un véritable objet d’art, conçu par deux experts en gravure et papier gaufré, lauréats du prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main en 2015 : Christian Bessigneul et Laurent Nogues. Au fil des vingt-neuf planches tactiles se déroule l’histoire en relief de ce vaisseau de briques jaunes. D’abord, une carte géographique précise sa localisation, puis, comme si l’on zoomait au fur et à mesure vers la villa, se déclinent toutes les échelles d’un projet : plan de situation, plan de masse, puis édifice (façades, plans, coupes), et enfin fragments de décoration ou de mobilier. Hormis une unique perspective (le hall d’entrée, pl. n° 13), la perception se fonde à partir de trois tracés techniques (vue de face, de côté ou de dessus), représentations que le « lecteur » doit ensuite combiner entre elles pour recomposer les volumes. Comme une visite « physique » du lieu, on fait d’abord le tour extérieur, puis on entre à l’intérieur pour, petit à petit, s’attacher aux détails. Avec, parfois, force précisions, à l’instar de cette planche n°14 qui « matérialise » non seulement une applique lumineuse, mais aussi l’éclairage qu’elle diffuse. Le résultat est proprement époustouflant.
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La villa Cavrois au bout des doigts
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°723 du 1 mai 2019, avec le titre suivant : La villa Cavrois au bout des doigts