L’œuvre d’Hartung désormais consacré par la grande rétrospective du Musée d’art moderne de Paris, ne restait plus qu’à attendre la monographie de référence.
C’est aujourd’hui chose faite avec la parution, chez Hazan, d’Hans Hartung, la peinture pour mémoire. Son auteur n’est autre que l’un des meilleurs passeurs actuels de l’histoire de l’art : Pierre Wat. Rien d’étonnant à ce que ce spécialiste du romantisme allemand s’intéresse au père de l’abstraction lyrique, l’historien [et contributeur de L’Œil] plaçant le peintre dans l’héritage romantique du XIXe. L’auteur fait d’ailleurs oublier qu’il n’est pas dans son siècle, en signant une monographie d’une précision et d’une distance critique exemplaires. La part active d’Hartung dans l’élaboration de son propre mythe, par ses archives qu’il tient à jour dès les années 1920 comme par la rédaction de ses propres sources, est ici démontée point par point. Ainsi l’influence décisive de Kandinsky sur l’œuvre d’Hartung, pourtant niée par le peintre, comme son rapport complexe à la spontanéité du geste, sont-ils ici analysés, sans jamais réduire l’importance d’Hartung dans l’art du XXe siècle. Il existe une indéniable volonté de comprendre chez Pierre Wat, notamment quand celui-ci cherche à savoir quels furent les apports respectifs entre Hartung et Soulages. Un modèle du genre.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°729 du 1 décembre 2019, avec le titre suivant : Hans Hartung