« Assurément, ma carrière d’écrivain commençait de façon peu banale. » C’est sur ce début, et notamment la publication de son premier livre en avril 1976, écrit pendant son service militaire, La Vie quotidienne en France et en Angleterre au temps des chevaliers de la Table ronde, que Michel Pastoureau revient dans un ouvrage lui aussi « peu banal ».
Né en 1947, l’historien médiéviste, spécialiste des couleurs, des animaux et de l’héraldique se livre sur un ton personnel inattendu chez cet auteur de plus de quatre-vingts ouvrages, dont un grand nombre de références. Avouons-le, c’est un délice d’ironie parfois mordante, de confessions souvent touchantes et, comme toujours chez Michel Pastoureau, de lecture ! Car l’auteur se définit lui-même comme un « écrivain » : « J’ai toujours aimé écrire, raconte-t-il dans un chapitre consacré aux “plaisirs de l’écriture”. Je l’ai fait très tôt, dès le lycée, et je continue de le faire quotidiennement, espérant qu’il pourra en être ainsi jusqu’à mes derniers jours. » Au fil des pages, le lecteur se laisse emporter par le récit de cet « avocat des humanités » : son amitié avec son « maître » Jacques Le Goff, auquel Pastoureau emprunte le terme de « colloquite » (pour parler du « rituel » parfois décevant de l’invitation à un colloque) ; sa proximité avec Claude Lévi-Strauss, dont la mère était sa « grand-tante Emma », et auquel il doit probablement l’obtention en 1977 du prix décerné par l’Académie française Broquette-Gonin – « un nom si insolite, pour ne pas dire burlesque, qui m’a toujours empêché d’en faire état dans la liste des récompenses que j’ai reçues » – ; la bibliothèque de son père, Henri Pastoureau, dans lequel il a retrouvé des lettres (d’Aragon, d’Éluard, de Senghor…), des photographies (de Man Ray) et des manuscrits, à l’instar d’un projet d’article sur le surréalisme en 1950. Le livre fourmille d’anecdotes sur les manies et les inquiétudes de son auteur – ah ! l’angoisse de la dédicace sur le frontispice ! –, mais aussi sur l’édition et la recherche depuis les années 1970. Sur les conseils de son oncle, Michel Pastoureau écarta longtemps de sa bibliographie le titre de son premier ouvrage, sous prétexte que « La vie quotidienne », la collection dans laquelle le livre a paru chez Hachette, avait abrité des sympathisants du régime de Vichy. « J’ai eu tort », confesse Pastoureau. On l’aura compris, Dernière visite chez le roi Arthur sonne comme un testament, le regard d’un homme qui se souvient de son passé pour mieux libérer l’avenir. Nous aussi, nous attendons le prochain livre de Michel Pastoureau.
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Dernière visite chez le Roi Arthur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°763 du 1 avril 2023, avec le titre suivant : Dernière visite chez le Roi Arthur