« Le progrès en art n’existe pas. » Élisabeth Couturier, journaliste et spécialiste de l’art contemporain, s’appuie sur cette affirmation de Pierre Rosenberg pour dévoiler la face cachée de l’art contemporain.
La connaissance des œuvres passées semble être à l’origine même de la création, sa condition sine qua non. Pas de place pour le hasard en art donc, où il apparaît difficile, voire impossible, pour un artiste de faire table rase de ses prédécesseurs. Quel rapport alors entre les tableaux-pièges de Daniel Spoerri et l’art ancien ? Aucun, a priori. Pourtant, c’est avant tout un clin d’œil au thème phare des natures mortes. Ce propos pertinent a le mérite de réconcilier l’art ancien avec l’art contemporain, bien souvent considéré comme une rupture radicale avec le passé. Et, en effet, que serait Soulages s’il n’avait pas découvert la lumière des vitraux de l’abbatiale de Conques ? Et Yves Klein sans l’art pariétal ? Ainsi, les artistes, chacun à leur manière, se positionnent-ils face à cette histoire. Certes, il y a l’héritage, l’inspiration ou encore l’hommage, comme celui que Zao Wou-Ki rend aux Nymphéas de Monet. Mais ce livre dévoile la complexité de ces rapports : qu’il s’agisse de détournement, comme celui de Kehinde Wiley, réactualisant la pose du portrait équestre de Napoléon par David, ou des collages-carambolages d’Erró, chaque artiste possède une bibliothèque d’images mentales, est l’héritier d’un bagage culturel, conscient ou non. Si cet ouvrage est un manuel pratique, il est également conçu comme une promenade visuelle et ludique dans l’histoire de l’art. Loin de détenir la clé d’un savoir unique, l’auteure propose une lecture subjective des œuvres, entremêlant une démarche de critique et d’historienne de l’art. Cette liberté d’interprétation conduit à affiner notre propre regard de spectateur. Néanmoins, il serait dommage de réduire chaque œuvre à un simple système de juxtaposition, à l’image de la première de couverture qui superpose béatement La Liberté guidant le peuple de Delacroix avec sa copie par l’artiste chinois Yue Minjun.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Ce que l’art actuel doit aux anciens
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°754 du 1 mai 2022, avec le titre suivant : Ce que l’art actuel doit aux anciens