Anna-Eva Bergman

Thomas Schlesser, directeur de la Fondation Hartung Bergman à Antibes, a plongé dans les très nombreuses archives de l’artiste (souvent en norvégien) pour composer une biographie captivante, précise et détaillée, portée par une plume amoureuse. Cette « vie » saisit ainsi avec l’intuition dont seuls sont capables les amants non seulement les événements de l’existence d’une Anna-Eva Bergman intensément vivante, mais aussi la lumière et les élans de son âme. Si l’auteur raconte son enfance, « dominée par la peur », sa rencontre avec Hartung dont le premier regard la laisse « sans voix », sa vie de bohème et sa quête artistique dans une Europe tourmentée, le drame de sa santé sans cesse éprouvée, sa mort tragique, enfin, dans la lumière d’Antibes, il restitue aussi, avec délicatesse et poésie, sa vie intérieure, ses épiphanies, le feu qui renaît des cendres après les drames. « Où donc commence une vie ? », s’interroge l’auteur au début de l’ouvrage. S’il propose de raconter la naissance et la jeunesse de Bergman, il prévient d’emblée : « Anna-Eva Bergman s’est choisi un commencement symbolique à sa vie. » Le moment venu, il lui redonnera la parole, et on verra sous sa plume Anna-Eva Bergman devenir elle-même en comprenant qu’une peinture « doit être vivante – lumineuse – contenir sa vie intérieure », écrit celle qui peindra désormais sur des feuilles d’or et d’argent. Scandée de photographies d’archives inédites, accompagnées d’un cahier central en couleurs donnant à voir certaines des plus belles œuvres de l’artiste, cette biographie lumineuse et envoûtante réussit ce que seuls savent faire les meilleurs professeurs : éveiller le désir.