Conservateur du Musée des Beaux-Arts de Lyon, Christian Briend va consacrer à Albert Gleizes une rétrospective qui entend remettre en cause l’image du « doctrinaire du cubisme », en vigueur jusque dans la littérature la plus récente. Le catalogue qui l’accompagne fait suite au catalogue raisonné publié par la Fondation Gleizes, il y a deux ans. Il propose une relecture de l’œuvre et de la théorie de l’artiste avec des approches critiques en partie nouvelles. L’essai de Gladys Fabre expose en détail l’expérience de l’Abbaye de Créteil fondée par l’artiste en 1906, communauté artistique et littéraire basée sur un retour à l’artisanat qui présente beaucoup de points communs avec le programme primitiviste du groupe allemand Die Brücke. En faisant le point sur l’expérience new-yorkaise de 1914-18 (interrompue par un voyage en Espagne), Peter Brooke questionne la relation contradictoire entretenue par le peintre avec la modernité urbaine et avec des compagnons d’exil autrement plus radicaux, Duchamp et Picabia. Pascal Rousseau éclaire le dialogue entre Gleizes et Delaunay, amorcé durant leur séjour à Barcelone en 1916, culminant dans la recherche d’un nouvel art mural dans l’entre-deux-guerres. L’esthétique décorative de Gleizes, enfin, est abordée de manière plus spécifique par Christian Derouet à propos d’un ensemble de panneaux commandés par le marchand Léonce Rosenberg, en 1928. Dans cet ouvrage collectif se manifeste l’exigence de rompre avec une historiographie qui cloisonne les mouvements et fige leurs « représentants » dans une grille de valeurs consensuelle. L’approche internationale de l’œuvre de Gleizes, ainsi que la réhabilitation de son « classicisme » (exprimé en termes de « majesté » par Apollinaire en 1913) sont à mettre au compte de cette ouverture.
- Albert Gleizes. Le cubisme en majesté, co-éd. Museu Picasso Barcelone/Musée des Beaux-Arts de Lyon (exposition en septembre), 235 p., 131 ill. coul., 220 F.
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Albert Gleizes. Le cubisme en majesté
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°526 du 1 mai 2001, avec le titre suivant : Albert Gleizes. Le cubisme en majesté