CLASSICISME. « Poussin ne sera jamais populaire », assène Alain Mérot dans cette réédition de circonstance d’une monographie sur Nicolas Poussin parue il y a plus de 20 ans.
C’est vrai tant ce peintre est l’archétype d’une peinture d’histoire intellectuelle et sans émotion. Il y a même une certaine raideur dans cette peinture où le sujet religieux ou mythologique prime sur tout le reste. Tout est exactement à sa place, la composition est tout entière au service du propos, la couleur est subordonnée au dessin, qui est lui-même net et précis. Mais voilà, notre gloire nationale est le plus illustre représentant de cette peinture classique et érudite si française. Et lorsqu’un tableau de Poussin est découvert, comme ce fut le cas en 1997 pour La Fuite en Égypte, c’est la mobilisation générale pour le garder dans les collections publiques, et pas moins de 17 millions d’euros sont rassemblés pour le mettre en dépôt au Musée des beaux-arts de Lyon.
L’ouvrage se présente essentiellement comme une succession de descriptions des principaux tableaux de « Nicolas », comme l’appelle volontiers l’auteur. Il dresse cependant en arrière-plan la
biographie et le portrait d’un homme dévoué à son œuvre et somme toute attachant, même s’il ne devait pas être très drôle. On ne connaît pas grand-chose de ses années de jeunesse et de formation en Normandie, si ce n’est qu’il n’est pas fils de peintre comme c’était souvent le cas. Il s’est fait lui-même, dirait-on aujourd’hui. Arrivé à Rome en 1624, à l’âge de 30 ans, il y restera toute sa vie jusqu’en 1665, hormis un bref séjour à Paris. La réussite vient vite, et il peut ainsi travailler comme il l’entend. Poussin travaille seul et lentement. Il refuse les grands décors, préférant les tableaux de commande. Selon le décompte d’Alain Mérot, il produisait cinq à six tableaux par an.
Poussin est l’un des maîtres de l’invention du paysage historique, d’où cette réédition à l’occasion de l’exposition du Grand Palais, au succès limité. Déjà à l’époque, l’ouvrage était une synthèse des recherches connues. Mais une synthèse ô combien brillante. Le style léger de Mérot – la marque de ceux qui savent dépasser leur érudition – confirme qu’il est bien le meilleur spécialiste du xviie siècle. Si la qualité des illustrations n’est pas de toute première fraîcheur, le livre renferme des dessins et lavis d’encre de Poussin qui sont une véritable révélation. Car quand les tableaux de Poussin parlent à la tête, ses esquisses touchent directement le cœur.
Alain Mérot, Poussin, Hazan, 340 p., 65 €.
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Alain Mérot - Poussin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°636 du 1 juin 2011, avec le titre suivant : Alain Mérot - <em>Poussin</em>