États-Unis

Zorro n’est pas encore arrivé

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 16 janvier 2008 - 461 mots

Prévue du 1er au 10 février, la foire de Palm Beach perd certains piliers,
mais capte des marchands espagnols.

PALM BEACH - On nous aura longtemps seriné qu’un quart des grandes fortunes américaines choisissent Palm Beach (Floride) comme lieu de villégiature en début d’année. Les supposées vertus prophylactiques de cette cité investie par un troisième âge cossu auront tout autant été vantées. L’an dernier, le nouveau directeur, Michael Mezzatesta, s’était même voulu didactique. Le recours à ces ficelles n’arrivent pourtant pas encore à transformer Palm Beach en destination fair. Certains de ses anciens piliers comme Pierre Dumonteil (Paris), Cazeau-Béraudière (Paris) ou Bernheimer (Munich, Londres) n’y participent pas cette année, même si d’autres vétérans tels Noortman (Maastricht), Dickinson (Londres) ou Partridge (Londres) lui restent fidèles. « La foire est trop proche de Tefaf [la foire d’antiquités de Maastricht], et je dois me concentrer sur ce qui est vraiment important, confie Konrad Bernheimer. Évidemment, si j’avais été content la dernière fois, les choses auraient été différentes. Je pense qu’il y a une place pour un salon d’antiquités aux États-Unis, mais pour le moment, cette foire n’est pas pour moi. » Jacques de la Béraudière, qui vendait pourtant bien sur la foire, offre une explication à cette désertion : « Les nouveaux propriétaires de la foire n’ont pas fait l’effort de promouvoir cette opération ailleurs qu’à Palm Beach, où vous n’avez qu’une dizaine de collectionneurs déjà gavés jusqu’aux oreilles d’œuvres d’art. Il fallait faire la promotion sur toute la Floride. Ils ont fait une erreur de marketing incroyable ! » Le message semble entendu par Michael Mezzatesta, lequel assure avoir dépensé un million de dollars en publicité. « J’ai créé le programme “Florida Art in Focus”, un partenariat avec quinze musées de Floride et, de fait, nous aurons une forte représentation des collectionneurs de tout l’État », indique-t-il.

Efforts pédagogiques
C’est surtout vers l’Amérique latine et plus généralement le monde hispanique que guigne la foire. D’où l’arrivée de plusieurs enseignes madrilènes réputées comme Linares ou Caylus, lesquelles proposeront des œuvres en écho à l’exposition d’une quarantaine de pièces provenant de la Hispanic Society of America. Car Mezzatesta reste convaincu que le salut de la foire passe par la pédagogie. « Il faut une certaine dose de patience et d’effort pour toucher le public américain, admet-il. Beaucoup d’acheteurs américains ne sont pas aussi informés que leurs collègues européens. » Ce public se jette d’ailleurs en priorité sur les bijoux, ou bien sur des artistes plus simples d’accès, ainsi les Jean Dufy de la galerie Jacques Bailly (Paris), ou Chagall, pour lequel la Galerie du XXe siècle (Paris) prévoit un one-man show.

PALM BEACH FAIR, 1er-10 février, Palm Beach County Convention Center, 650 Okeechobee Bd, Palm Beach, Floride, www.palmbeachfair.com, du lundi au samedi 12h-19h, dimanche 12h-18h.

PALM BEACH FAIR - Directeur : Michael Mezzatesta - Nombre d’exposants : 80 - Tarif des stands : 914 dollars (620 euros) le mètre carré (tarif dégressif au-delà de 41 m2) - Nombre de visiteurs en 2007 : 36 000

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°273 du 18 janvier 2008, avec le titre suivant : Zorro n’est pas encore arrivé

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