Le 17 octobre à Drouot, deux encres sur papier de l’artiste moderne chinois Xu Beihong ont éveillé l’intérêt des amateurs chinois.
La première, représentant un Cheval au galop (1948), provenait de l’ancienne collection du professeur Louis Hambis (1906-1978). Ce grand spécialiste de la haute Asie, administrateur du Centre d’études sinologiques de l’université de Paris à Pékin de 1947 à 1950, fut nommé professeur au Collège de France au sein duquel il fonda le Centre de recherches sur l’Asie centrale et la haute Asie. Son ami Xu Beihong, directeur de l’Académie centrale de Beijing, lui a offert ce dessin en cadeau d’anniversaire, et le lui a dédicacé. La dédicace est faite à M. An Bishi, sinisation du nom Hambis. L’œuvre, qui porte le cachet de l’artiste a depuis été conservée dans la famille. Une provenance irréfutable, qui a attiré les Chinois. Car il existe une quantité de faux Xu Beihong, la plupart étant des copies d’époque avec le cachet de l’artiste. « La réputation de Xu Beihong repose surtout sur ses chevaux. L’artiste est généralement considéré comme le meilleur successeur du fameux Li Long-Mien, grand peintre du XIIe siècle », rappelle Jean-Luc Estournel, expert de la vente.
Estimée raisonnablement 100 000 à 150 000 euros, Cheval au galop est monté à 362 500 euros. Mais, en découvrant cette œuvre sur laquelle la publicité de la vente avait été faite, les Chinois ont remarqué une autre encre de Xu Beihong, Cheval volant (1950), portant une inscription accompagnée du sceau de l’artiste : « Après 100 ans de faiblesse, (la Chine) retrouve finalement sa force, le regard du cheval est tourné vers la lumière porteuse d’un brillant avenir. 1950. Xu Beihong à Beijing. » Bien qu’annoncée comme provenant de l’ancienne collection d’un diplomate européen en poste en Chine, et de très belle facture, il était difficile de l’attribuer avec certitude à l’artiste en l’absence de tous les éléments de filiation. D’où le parti pris des experts de l’annoncer comme « attribuée à Xu Beihong », sur une estimation de 5 000 euros. « Nous n’avions pas vraiment de doute sur l’authenticité de l’œuvre. L’artiste est difficilement imitable et on détecte les faux grossiers. Pour les chevaux, il faut notamment remarquer le trait blanc qui vient souligner la ligne de l’arête du nez jusqu’aux yeux dont la disposition reste toujours dans la parfaite harmonie énergétique de la composition, souligne Jean-Luc Estournel. Restait que nous n’avions pas fait étudier la calligraphie, ni fait identifier les deux sceaux probablement de collectionneurs, figurant en rouge en bas à droite. »
Les Chinois ont été très réactifs, demandant des images en haute définition de l’inscription et des sceaux pour les examiner. Finalement authentifié, le Cheval volant s’est envolé à 623 200 euros, un prix qui s’aligne sur les résultats d’œuvres équivalentes à Hongkong où le Cheval volant, représenté de trois quarts et la tête tournée, l’emporte toujours sur le Cheval galopant.
Auteur : Xu Beihong (1895-1953)
Signature : cachet de l’artiste, en rouge en bas à gauche
Date d’exécution : 1950
Technique : encre et pigments sur papier
Dimensions : 85 x 56 cm
Provenance : ancienne collection d’un diplomate européen
Experts de la vente : Marie-Catherine Daffos et Jean-Luc Estournel
Estimation : 5 000 euros
Adjudication : 623 200 euros
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Xu Beihong - « Cheval volant », 1950
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°356 du 4 novembre 2011, avec le titre suivant : Xu Beihong - « Cheval volant », 1950